Le maire de Maroua 1er a échappé de justesse à un lynchage ce 31 août 2025 dans sa propre ville. Hamadou Hamidou sensibilisait les populations locales à voter pour Paul Biya lors de la présidentielle du 12 octobre prochain. Alors que le magistrat municipal vantait les mérites du président sortant, la foule s’est déchaînée sur lui : « goudjo, goudjo», ce qui signifie en Fulfuldé, la langue locale, « oh voleur ! oh voleur !». Il a fallu l’intervention des forces de maintien de l’ordre pour sortir Hamadou Hamidou des griffes d’une foule surexcitée.
Cela survient quelques jours après un incident presque similaire. Après avoir été accueilli en grande pompe à Maroua lors de son séjour professionnel, Louis Paul Motaze le ministre des Finances, a quitté la région de l’Extrême-Nord en catastrophe le 27 août dernier. En effet, l’homme qui avait fait foule la veille, était attendu à Meskine dans le premier arrondissement de la ville de Maroua, pour rencontrer des populations confrontées à divers problèmes dont l’insécurité, le sous-développement, ont déchanté à la dernière minute. « Le gouverneur aexpliqué qu’il y a plusieurs chefferies de 1e degré. Le Minfi ne saurait se rendre à Meskine sans toutefois aller également au Lamidat de Maroua », rapporte une source locale. Or « le Lamido a ordonné qu’aucun commerce ne soit ouvert. Nous étions contraints de respecter ce qu’il a dit. Nous nous sommes donc réunis pour l’accueil du ministre », renseigne, un riverain.
Issa Tchiroma
De quoi énerver une population qui avait l’occasion de rencontrer un des hommes les plus puissants du régime, un homme présentés comme un des membres du gouvernement les plus à l’écoute du peuple. La confiance s’étant quelque peu effritée avec les élites locales. Alors qu’il devait se rendre à l’aéroport de Maroua-Salak pour s’envoler à destination de Yaoundé, les populations déçues ont tenté de bloquer le cortège de Louis Paul Motaze, alors que le lamido de Meskine, Amadou Daïrou, et certaines élites locales et cadres du parti, ont fait face aux populations. « Les gens étaient furieux. Ils n’étaient pas contents parce qu’ils ont attendu longtemps et le ministre ne s’est pas arrêté. Le gouverneur a expliqué au Lamido que le ministre était pressé car il devait avoir une audience à Yaoundé. L’autorité traditionnelle a compris cela, mais les populations ne voulaient rien comprendre », selon un témoin de la scène. Dans la foulée, des T-shirts aux couleurs du Rdpc, parti au pouvoir, ont été déchirés, pendant que le nom d’Issa Tchiroma était scandé.
Le climat social est tendu ces derniers temps dans cette région en proie non seulement à l’insécurité, mais aussi à l’extrême pauvreté et aux changements climatiques. Situation pour lesquelles les populations jugement insatisfaisantes les réponses proposées par le gouvernement. Et deux membres du gouvernement natifs de la région voisine du Nord, ont démissionné du gouvernement, rompant leurs alliances gouvernementales, pour se lancer dans la course pour la présidentielle du 12 octobre prochain. Bello Bouba et Issa Tchiroma dont les partis politiques sont en pleine conquête de la région de l’Extrême-Nord.