Epsilon Composite, une entreprise française spécialisée dans les matériaux composites, a été sélectionnée par la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel) pour fournir ses conducteurs HVCRC, une innovation clé qui promet d’optimiser le transport de l’énergie sur la future ligne haute tension de 225 kV entre le barrage de Nachtigal et Wouro Soua. C’est du moins ce qui ressort d’un communiqué publié par l’entreprise française, repris par nos confrères d’Usine Nouvelle.
Cette ligne, longue de 524 km, constitue la colonne vertébrale d’un projet qui vise non seulement à connecter le réseau électrique du Sud et du Nord du Cameroun, mais aussi à alimenter le Tchad voisin en électricité. Pour cette infrastructure, Sonatrel a, selon le communiqué susmentionné, «délaissé les conducteurs traditionnels en acier-aluminium (ACSR) au profit des conducteurs à âme composite développés par Epsilon Cable, une division d’Epsilon Composite».
Ces conducteurs, apprend-t-on, utilisent un noyau en fibre de carbone, à la fois solide et léger, en remplacement du traditionnel noyau en acier. «Résultat : une capacité thermique doublée, une conductivité accrue et une réduction de 30 % de la résistance électrique. En intégrant plus d’aluminium recuit dans la structure, le transport de l’électricité devient non seulement plus performant, mais aussi plus écologique, avec une diminution significative des émissions de gaz à effet de serre», peut-on lire dans le manifeste susmentionné.
Selon Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le projet d’interconnexion électrique entre le Cameroun et le Tchad sera opérationnel en 2027, conformément aux prévisions des parties impliquées. Ce projet titanesque, d’un coût total de 557,5 milliards de FCFA, mobilise une large coalition de bailleurs de fonds. La Banque mondiale reste le principal financier avec une enveloppe de 385 millions de dollars, soit 231,7 milliards de FCFA.
Elle est suivie par la Banque africaine de développement (258 millions d’euros, soit 169,2 milliards de FCFA), la Banque islamique de développement (123 millions d’euros, soit 80,7 milliards de FCFA), et l’Union européenne (30 millions d’euros, soit 19,7 milliards de FCFA). Les deux États concernés, le Cameroun et le Tchad, complètent ce montage financier avec une contribution de 93,5 millions de dollars pour le premier, soit 56,2 milliards de FCFA.
Au Cameroun, ce vaste projet se décline en deux composantes majeures. La première composante, cofinancée par la Banque mondiale et la Banque islamique de développement, vise la construction d’une ligne aérienne de 524 km à double terne de 225 KV entre Ntui (Centre) et Wouro Soua (Adamaoua). Quatre postes de transformation verront également le jour à Ntui, Yoko, Tibati et Wouro Soua. À cela s’ajoute l’électrification de 110 villages dans les régions concernées, intégrant des mesures sociales pour améliorer l’accès à l’énergie.
La deuxième composante a une vocation stratégique. En connectant le Réseau Interconnecté Sud (RIS), couvrant six régions du Cameroun, et le Réseau Interconnecté Nord (RIN), regroupant les trois régions septentrionales, elle permettra au pays d’exporter de l’électricité. Le Cameroun ambitionne ainsi de fournir 100 MW d’énergie au Tchad, issus du barrage de Nachtigal, actuellement en construction dans la région du Centre.
DES CONDUCTEURS RÉVOLUTIONNAIRES À BASE DE CARBONE
Le projet Pirect nécessitera plus de 6 000 km de ces conducteurs HVCRC, faisant de cette initiative l’une des plus importantes au monde pour l’installation de câbles à âme composite, indiquent nos confrères de Cable Technology News. Pour le Pirect, Epsilon Composite pourra compter sur le soutien de partenaires comme Dervaux, une société française spécialisée dans les accessoires de compression, qui garantira la fiabilité des connexions sur l’âme composite.
LE BARRAGE NACHTIGAL : UN MAILLON ESSENTIEL
Ce projet d’interconnexion s’inscrit dans une dynamique de transformation énergétique amorcée par le Cameroun avec le barrage hydroélectrique de Nachtigal. Actuellement en phase finale, cet ouvrage injecte déjà 240 MW dans le Réseau interconnecté Sud (RIS), grâce à la mise en service de quatre groupes de 60 MW chacun. À pleine capacité, la centrale produira 420 MW, couvrant près de 30 % de la consommation du RIS. Cependant, pour que cette énergie soit pleinement exploitée, l’achèvement des infrastructures de transport, dont la ligne Nachtigal-Wouro Soua, est indispensable.