Dépenses publiques: Le rappel à l’ordre du PM sur le train de vie de l’Etat

Des milliards de F sont engloutis chaque mois pour permettre à l’Etat de fonctionner et de payer ministres, gouverneurs, députés, sénateurs et leurs très nombreux collaborateurs. Pour le Trésor public, la facture est insoutenable.

Les institutions coûtent-elles trop cher ? S’il est un pays où la question mérite d’être posée, c’est bien le Cameroun, tant l’appareil d’État paraît budgétivore. Et pour cause : le gouvernement compte plus de 65 ministres et assimilés, qui disposent chacun de leur cabinet, 180 députés, 100 sénateurs, 11 membres du Conseil constitutionnel. Mais le Cameroun, c’est aussi 10 Régions, et donc autant de gouverneurs et autant de Conseils régionaux, 58 préfets et 360 sous-préfets… Chaque mois, l’État engloutit donc plusieurs milliards de FCFA pour assurer son propre fonctionnement. Les chiffres consultés donnent le tournis et le Premier ministre a dû sonner le tocsin.

Au cours du Conseil de cabinet du 27 avril dernier, le Premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute, a, au début de son propos liminaire, rappelé aux membres de son équipe, certaines directives du président de la République en rapport avec la réduction du train de vie de l’Etat. « Je voudrais répercuter les récentes directives de Monsieur le président de la République prescrivant la réduction des dépenses de l’Etat, et particulièrement des missions à l’étranger des membres du gouvernement et des agents publics », a déclaré le Premier ministre.

Il invite par ailleurs les membres du gouvernement à mettre en exergue, dans leurs demandes, l’opportunité des missions envisagées ainsi que leur intérêt pour le Cameroun. Joseph Dion Ngute évoque aussi la taille des délégations dans le cadre des missions. Celles-ci « devraient être réduites au strict minimum nécessaire », a-t-il martelé. Joseph Dion Ngute révèle que les manquements observés ne concernent pas uniquement les membres du gouvernement, mais la plupart des structures administratives et publiques appelées à se déployer dans ce cadre. Il faut aussi mentionner ici, les entreprises du portefeuille de l’Etat, les collectivités territoriales décentralisées. Aussi évoqué par le Premier ministre, l’achat de matériel roulant.

L’on se pose la question de savoir à quoi servent en effet ces rutilants 4/4 dans nos villes, lorsque les services déconcentrés de l’Etat, situés pour certains dans des zones enclavées, éprouvent des difficultés à se mouvoir sur le terrain. Ce sont ces même véhicules administratifs que l’on utilise parfois tous les jours de la semaine, et même pour des tâches qui n’ont rien à voir avec l’administration. Et le Premier ministre a assuré aux membres du gouvernement que ses services veilleront désormais à une mise en œuvre méticuleuse des instructions présidentielles.

La saignée des caisses

En 2021, les achats de carburants avaient subi une réduction de plus 6 milliards de F tandis que la masse salariale diminuait de plus de 30 milliards de F. Mais pour 2022, le traitement des personnels relevant du statut général de la fonction publique, était passé à plus de 1 075 milliards de FCFA. Les charges salariales globales se situaient autour de 1 138,498 milliards de FCFA en 2022. En 2021, les salaires étaient de 1069,8 milliards de F. Les frais de carburant et lubrifiants, de missions et autres réceptions ainsi que de cérémonies s’élevaient à 105 milliards de FCFA en 2021, soit une augmentation de 16 milliards de F par rapport à 2020 où cette enveloppe était de 89 milliards de F.

Dans le détail, les frais de carburant et lubrifiants sont passés de 31 milliards de F en 2020 à 35 milliards de F, soit une hausse de 4 milliards de FCFA. L’enveloppe réservée à la représentation, aux missions et les cérémonies affiche de 70 milliards de F, contre 58 milliards de F pour le précédent exercice, soit une augmentation de 12 milliards de F. Les postes sécurité et maintenance retrouvent également leur aplomb. Des chiffres qui donnent le tournis et qui sont sans rapport avec les maigres recettes collectées par le Trésor public camerounais.

Raison pour laquelle de nombreux acteurs de la société civile demandent au gouvernement de réduire le train de vie des institutions. « La réduction du train de vie des institutions est un impératif », estime l’analyste économique Germain Nanga. « Cela suppose un renoncement de la classe politique aux privilèges qu’elle s’est indûment octroyée. La classe politique doit cesser de considérer les fonds du Trésor comme son argent de poche. Et l’exemple doit venir du président de la République et des ministres », poursuit-il. Dans la ligne de mire des critiques de nos institutions jugées « budgétivores », l’Assemblée nationale dont le budget pour l’exercice 2023 s’élève à 29,6 milliards de FCFA.

L’administration moribonde du Conseil économique et social s’en tire avec un budget de 1,9 milliards de FCFA pour son fonctionnement. 3,9 milliards ont été affectés au Conseil constitutionnel, tandis que la Commission des droits de l’homme et des libertés bénéficie de 4 milliards de F ou encore Elections Cameroon a bénéficié de 12,2 milliards de F en année blanche.

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