Cemac : La crise économique au sommet

La conférence des chefs d’etats qui se tient ce 18 août par visioconférence vise notamment à engager les etats à mobiliser plus de ressources pour le financement du plan communautaire de relance post-covid-19.


Le coup de pression du Fonds Monétaire International (FMI) porte des fruits. A l’initiative de l’institution de Bretton Woods qui s’inquiète des déséquilibres budgétaires des pays de la sous-région, les chefs d’Etat de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac) se réunissent ce mercredi 18 août 2021 sous la houlette du président camerounais Paul Biya. Ce Sommet extraordinaire qui se tient en visioconférence devrait prioritairement être consacré à « l’évolution de la situation macroéconomique dans la zone Cemac en contexte de pandémie du Covid-19 et l’analyse des mesures de redressement ».

Plus de 2 747 milliards de FCFA de pertes

La situation économique de la sousrégion est en effet peu reluisante. D’après le rapport sur la situation macro-économique de la Cemac, des pressions sont exercées sur les finances publiques par l’effet conjugué de la baisse des recettes et la hausse des dépenses. Pour l’année 2021, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) table sur un taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) réel de 1,3 % contre -1,7 % en 2020, une légère hausse des tensions inflationnistes à 2,7 % contre 2,4 % un an plus tôt, soit un PIB de -2,9 % en 2021 contre -3,1 % en 2020. D’un tout autre côté, la dette des pays de la Cemac s’est alourdie, passant de 49,1 % du PIB en 2019 à 55,6 % en 2020.

Sur le plan monétaire apprend-on, les réserves de change « ont perdu plus de 1116 milliards de F CFA en 2020 à cause de la dégradation des comptes extérieurs ». De plus, « les effets de la pandémie et les mesures fiscales prises pour soutenir l’économie ont engendré des pertes de recettes de plus de 2 747 milliards de FCFA pour l’ensemble de la zone. La résultante mécanique a été de soumettre les pays à un risque de défaut de paiement des échéances immédiates des crédits en cours », a confié à l’Agence Ecofin, un cadre de la Cemac.

Plus de 7 284 milliards à mobiliser

Les dirigeants de la sous-région devraient donc, au cours de ces travaux, définir de manière concertée, une nouvelle stratégie régionale pour une sortie de crise et maintenir les économies de la zone, sur la voie du développement durable et inclusif. L’objectif étant de faire du Plan communautaire de relance post-Covid19, une cause commune et d’engager les États et institutions communautaires à une mobilisation plus accrue des ressources pour son financement. D’après des informations du Comité de pilotage du Programme des Réformes Economiques et Financières de la Cemac (Pref-Cemac), citées par l’Agence Ecofin, il faut mobiliser près de 7 284,9 milliards de F CFA pour l’exécution du Plan de relance économique communautaire au cours de la période 2021-2025.

Le sommet extraordinaire pourrait donc avoir pour objectifs de : dresser un état des lieux de la situation depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19 en 2019 et la résurgence des crises sécuritaires ; procéder à une évaluation des différentes mesures mises en œuvre dans le cadre de la riposte à la pandémie et répondre aux conséquences économiques, monétaires, financières liées aussi bien au Covid-19 qu’à la crise économique de 2016 ; convenir éventuellement des mesures nouvelles à prendre, tenant compte du contexte actuel caractérisé par les fronts suivants : sécuritaire, sanitaire, économique, monétaire, financier et social.

Nouveaux programmes avec le FMI

L’exhortation des Etats à conclure les programmes de seconde génération avec le FMI pourrait constituer un autre enjeu majeur du Sommet de ce 18 août. A date, seuls le Cameroun et le Gabon les ont conclus. Les piliers de ce nouveau programme visent entre autres à : atténuer les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie de Covid-19 tout en assurant la viabilité intérieure et extérieure ; renforcer la bonne gouvernance et améliorer la transparence et la lutte contre la corruption ; accélérer les réformes budgétaires structurelles afin de moderniser les administrations fiscales et douanières, de mobiliser des recettes, d’améliorer la gestion des finances publiques, d’accroître l’efficience des investissements et de réduire les risques budgétaires liés aux entreprises publiques etc. Notons qu’en prélude au Sommet extraordinaire de ce 18 août, le Conseil des ministres de l’Economie et des Finances de l’Union Economique de l’Afrique Centrale (Ueac) a tenu une session extraordinaire le 10 août à Douala. Le rapport issu de ses travaux servira de boussole lors des travaux des chefs d’Etat.

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