Les ministres des onze pays de l’Afrique centrale (Angola, Burundi, Tchad, Guinée équatoriale, Gabon, Cameroun, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Rwanda et Sao Tomé et Principe) se sont réunis une 6eme fois en 15 ans pour réfléchir à nouveau, sur la fusion des trois zones économiques qui coexistent dans cette sous-région. C’était à l’occasion de la 6ème réunion des ministres du Comité de pilotage de la rationalisation des communautés économiques régionales en Afrique Centrale (Copil CER-AC) qui a eu lieu du 6 au 7 juin 2024 à Yaoundé. La dernière rencontre du même genre qui s’est tenue en 2022 dans la capitale camerounaise avait fait naître beaucoup d’espoirs. Notamment en raison de l’adoption unanime du projet de rapprochement des espaces économiques régionaux que sont la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (Ceeac) et la Communauté économique des pays des Grands Lacs (Cepgl). Cependant, deux ans plus tard, on n’a pas beaucoup avancé. Des discussions de Yaoundé, on ne peut retenir qu’une seule chose: Les pays d’Afrique centrale peaufinent encore la stratégie qui devrait leur permettre d’aboutir à une communauté régionale unique.
Le processus avance à petits pas.
Au sein des diverses organisations de coopération, on commence à s’agacer. Pour Adama Ekberg Coulibaly, chef des initiatives sous régionales à la commission économique pour l’Afrique, «Le temps n’est plus aux études, ce que nous demandons aux décideurs d’Afrique centrale c’est de prendre rapidement la décision de mettre en place une communauté d’Afrique centrale unique qui puisse aider la sous-région, aider les pays, aider les populations de ce que nous avons appelé la zone de libre échanges continentale nous devons tout mettre en œuvre pour véritablement mettre en place cette communauté économique d’Afrique centrale qui sera donc la solution de fusion des acquis de la Cemac, de la CEEAC, et de la CEPGL», a-t-il confié à nos confrères de la Voix de l’Amérique. Ce sentiment est d’autant plus compréhensible que l’examen du projet d’adhésion du Burundi, du Rwanda et de la RDC qui composent la Cepgl, au processus de fusion entamé par la Cemac et la Ceeac, n’a pas fait l’objet de débat, alors que ce point était inscrit à l’ordre du jour. Une situation qui pourrait davantage ralentir le processus de fusion des communautés économiques régionales de l’Afrique centrale. «On a des démarches concurrentielles qui peuvent laisser croire qu’il y a un problème ou des réticences. Mais je crois que l’on peut mettre en place un plan de sortie de crise qui va permettre à la Cemac, la Ceeac et la Cepgl de résoudre en interne les problèmes», a confié à La Voix de l’Amérique Fabrice Ayina Ayissi directeur de cabinet du vice-président de la Cemac.
Toutefois, les principes de progressivité, de respect et de capitalisation des acquis communautaires, de soutenabilité budgétaire et de solidarité communautaire, devant soutenir la transition ont été adoptés. En outre, après de longs débats sur l’échéancier de la transition, son approbation, ses principes de base, sa priorisation et son financement, le Conseil des ministres a suggéré un approfondissement des réflexions qui doit permettre d’élaborer un plan qui tient compte des «hypothèses de mise en œuvre adossé à une stratégie de financement», peut-on lire dans le Communiqué final.
Un semblant de consensus
Si le plan de transition connaît de timides avancées, des progrès significatifs ont tout de même été enregistrés à l’issue de la 6e réunion du Copil CER-AC. En effet, les projets de protocole régissant la Haute autorité monétaire de l’Afrique centrale (création d’une banque centrale commune) et la Haute autorité des marchés financiers ont tous les deux été adoptés et transmis au président camerounais Paul Biya, qui est le président dédié au processus de Rationalisation des Communauté économiques régionales. L’autre dossier qui a fait l’objet d’une approbation unanime, est le rapport de l’étude sur les écoles de formation communautaire. En se basant sur les critères de subsidiarité, de capacité, de pertinence et d’intégration, quatre écoles de formation ont été retenues. Il s’agit de l’Institut sous régional de statistique et d’économie appliquée (Issea), l’Ecole régionale de formation aux métiers de la navigation intérieure (Erfmni), l’Institut sous régional multisectoriel de technologie appliquée (Ista) et le Centre inter-Etat d’enseignement supérieur en santé publique d’Afrique centrale (Ciespac). Comme les deux autres dossiers, celui-ci a également été soumis à la sanction de Paul Biya. Quant au projet de convention régissant le parlement communautaire, le Copil l’a également transmis avec avis favorable au président camerounais. Par contre, pour ce qui est du projet régissant la Haute cour de justice, il demande à ce que soient complétées certaines dispositions avant le transfert à Paul Biya. Il s’agit notamment de l’âge requis pour être juge, le renouvellement du mandat des juges, l’ouverture de la cour aux autres corps de métier