Carte Nationale d’Identité : Le chemin de croix des usagers

En plus de la longue paperasse qu’il faut fournir lors du dépôt de la demande, il faut encore attendre parfois plus d’une année, pour se voir délivrer une pièce nationale d’identité. A moins de débourser une forte somme d’argent pour espérer avoir sa carte en quelques jours.

les consignes de célérité données par le DGSN sont ignorées

Au Cameroun, avoir la carte nationale d’identité est devenue plus difficile qu’avoir un emploi. » C’est par ces mots que Viviane, vendeuse de chaussures au marché de Nsam exprime sa lassitude. Dans son hangar, en plein cœur de ce petit centre commercial situé dans le 3e arrondissement de Yaoundé, elle aménage un espace pour faire une place assise à ses visiteurs. C’est certes une petite visite, mais une visite pas comme les autres. Elle a en effet appelé son beau-frère pour lui parler de son problème de carte nationale d’identité « qui tarde à sortir et qui lui empêche de retirer de l’argent en banque. » « Je n’ai pas d’argent pour vous accueillir », dit-elle. Mais qu’à cela ne tienne, elle fait venir sa voisine, vendeuse de bière pour offrir une boisson à ses convives. Devant eux, elle raconte ses infortunes :« ça fait plus d’une année que j’ai déposé une demande de carte nationale d’identité au commissariat de Nkoldongo, on m’a fait savoir que la pièce allait être disponible après 3 mois. A cette date je suis allée, on m’a dit qu’elle n’était pas encore disponible, on a encore prorogé de 2 mois. Je suis encore repartie, la carte n’était toujours pas arrivée. J’y suis déjà allée plus de 6 fois, la carte n’est toujours pas disponible. A force de proroger, mon récépissé n’avait plus de place pour écrire. Et on m’a dit de m’en servir comme ça. Depuis trois mois, je me promène avec un récépissé invalide et je ne peux faire aucune transaction à la banque pour retirer de l’argent et ravitailler mon comptoir », pleurniche- telle l’air abattu. « Une amie m’a conseillé d’aller à l’école de police où on pouvait résoudre mon problème en quelques jours. Y étant, j’ai rencontré un officier de police qui m’a demandé de argent.  Il m’a dit que ma carte va sortir après 2 semaines. Nous voici à quatre mois de plus, je n’ai jamais eu ma carte. »
Comme Vivianne, plusieurs milliers de Camerounais sont soumis aux mêmes tracasseries pour avoir leur carte nationale d’identité. Marina Ngueyep, une commerciale dans une société d’agroalimentaire, indique qu’elle a attendu un an pour voir sa carte d’identité. Si elle n’a pas monnayé pour avoir sa pièce d’identité, elle a « risqué sa vie » et payé le transport plusieurs fois pour aller à Ebolowa où elle a établi sa carte avant son affectation à Douala.
Pourtant, lors de la signature du contrat de production des cartes nationales d’identité, paraphé en 2016 avec l’entreprise Gemalto, les responsables conjoints de la police camerounaise et de l’entreprise du groupe Thales, avaient juré qu’« un citoyen qui sollicite une carte nationale d’identité depuis Kousseri, Idenau, Kampo, ou Moloundou pourra l’obtenir après un delai maximal de deux semaines ».

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