Le commerce extérieur du Cameroun a connu en 2024 une amélioration notable, malgré un contexte international marqué par la volatilité des matières premières et la réorganisation des flux mondiaux. Selon le dernier rapport sur le commerce extérieur publié par l’Institut national de la statistique (INS), le déficit de la balance commerciale s’est établi à 1 747,3 milliards de FCFA, en baisse de 12,8 % par rapport à 2023 où il atteignait 2 004,0 milliards de FCFA. En valeur absolue, cette réduction correspond à un allègement de 256,8 milliards de FCFA.
Cette amélioration du solde commercial résulte principalement de la hausse des recettes d’exportation, qui progressent de 8,8 % (soit +263,5 milliards de FCFA) pour atteindre 3 252,2 milliards de FCFA. Dans le même temps, les dépenses d’importation n’ont enregistré qu’une légère augmentation de 0,1 %, soit +6,8 milliards de FCFA, pour s’établir à 4 999,4 milliards de FCFA.
Hors pétrole brut, un déficit plus lourd
Si l’amélioration est indéniable, le tableau reste nuancé lorsque l’on isole les hydrocarbures. Hors pétrole brut, le déficit commercial camerounais s’est creusé à 2 749,9 milliards de FCFA, malgré une réduction de 381,2 milliards de FCFA (soit -12,2 % par rapport à 2023). En excluant à la fois le pétrole brut et le gaz naturel, le déficit atteint même 3 071,4 milliards de FCFA, mais enregistre néanmoins une amélioration de 441,4 milliards de FCFA (-12,6 %).
Le taux de couverture – rapport entre exportations et importations – témoigne toutefois d’un progrès notable : il est passé de 59,9 % en 2023 à 65,1 % en 2024, soit une amélioration de 5,2 points.
Exportations : le cacao en moteur, les hydrocarbures en retrait
Du côté des exportations, la progression de 8,8 % est principalement due à l’envolée des ventes de cacao brut en fèves, dont les recettes ont bondi de 90 % pour atteindre 682,5 milliards de FCFA. Cette embellie tient essentiellement à l’évolution des prix mondiaux, passés de 1 994 FCFA/kg en 2023 à 3 830 FCFA/kg en 2024. Les volumes exportés, en revanche, reculent légèrement (-1 %).
Le cacao et ses dérivés s’imposent comme le moteur des exportations nationales, représentant désormais 30,7 % du volume total. En tête, le cacao en fèves concentre à lui seul 21 % des expéditions, suivi par la pâte de cacao qui génère 6,5 % des exportations, soit l’équivalent de 210 milliards de FCFA. Le beurre de cacao complète ce trio stratégique avec 3,1 %, pour une valeur estimée à 99,2 milliards de FCFA. Ce dynamisme confirme le rôle central de la filière cacao dans l’économie du pays.
À l’inverse, les hydrocarbures connaissent un net repli. Les recettes des huiles brutes de pétrole chutent de 11 %, à 1 002,7 milliards de FCFA, avec des volumes en baisse de 1,8 %. Le gaz naturel liquéfié, qui avait connu un essor fulgurant en 2022, poursuit sa décrue avec -14,1 % en 2024, après -33,3 % en 2023. Ses recettes passent de 421,4 milliards de FCFA en 2023 à 362,1 milliards.
En 2024, plusieurs filières d’exportation secondaires du Cameroun ont connu un repli marqué, notamment le bois et ses ouvrages dont les recettes se chiffrent à 249,7 milliards de FCFA en baisse de 13,4 %, ainsi que le coton brut qui recule de 19,8 % pour s’établir à 177,2 milliards de FCFA.
Importations : stabilité globale mais dépendance persistante
En 2024, les importations ont atteint près de 5 000 milliards de FCFA. Elles restent dominées par les produits minéraux, qui pèsent 23,5 % des dépenses totales, dont 19,5 % pour les carburants et lubrifiants. Malgré leur poids, les importations de cette catégorie sont en recul de 11,1 %.
Les machines et appareils mécaniques ou électriques occupent une place croissante, avec 786,4 milliards de FCFA d’importations, soit 15,7 % du total, en progression de 19,9 % par rapport à 2023. Ce dynamisme reflète la volonté du pays de renforcer ses capacités technologiques et industrielles.
Les produits du règne végétal affichent une hausse spectaculaire : la facture s’élève à 624,2 milliards de FCFA (+31,9 %). Les céréales constituent la part la plus importante (543,7 milliards de FCFA), en augmentation de 40,3 %. Le riz progresse de 58,6 %, atteignant 318,6 milliards de FCFA et représentant 6,4 % des importations totales. Le froment de blé, évalué à 214,1 milliards de FCFA, est en hausse de 20,1 % et équivaut à 4,3 % des importations. Ces chiffres soulignent la dépendance alimentaire persistante du Cameroun, en décalage avec la politique d’import-substitution prônée par la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30).
Les produits des industries chimiques enregistrent une baisse de 2,1 %, pour un total de 521,8 milliards de FCFA. Les produits pharmaceutiques en représentent près d’un tiers (32,6 %), avec une facture de 169,9 milliards de FCFA, en légère hausse de 2 %.
Un commerce extérieur sous tension mais résilient
Le rapport de l’INS illustre une double réalité : d’un côté, la capacité du Cameroun à tirer profit de la hausse des cours mondiaux du cacao, véritable bouée de sauvetage pour la balance commerciale ; de l’autre, une dépendance persistante aux importations de produits alimentaires et énergétiques, qui fragilise la souveraineté économique du pays.