Cela faisait plusieurs années qu’une personnalité française de haut rang n’avait pas foulé le sol camerounais. Arrivé à Yaoundé le 23 octobre dernier, le ministre français de l’Europe et des Affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian est reparti le lendemain, après une visite chargée où il a rencontré le président de la République, la classe politique, les organisations de la société civile et le Groupement Inter Patronal (Gicam).
La libération de Maurice Kamto
Lors de leurs échanges, le président camerounais et son hôte ont évoqué les questions cruciales comme la crise anglophone, le Grand Dialogue National, les relations économiques et militaires entre les deux pays. « Avec Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, nous avons discuté de la coopération bilatérale entre le Cameroun et la France », a écrit Paul Biya sur sa page Facebook. Une source diplomatique a affirmé que « Le Drian a felicité le président camerounais pour les initiatives de paix qu’il a engagées en organisant le Grand Dialogue National et en libérant Maurice Kamto, et l’a encouragé à multiplier les initiatives d’apaisement ».
Après Paul Biya, Jean-Yves Le Drian s’est entretenu avec l’ensemble de la classe politique, les partisans de la majorité présidentielle, ceux de l’opposition et la société civile. Au menu des échanges, « nous avons abordé la manière dont le dialogue s’est déroulé, et avons souhaité que la France nous apporte tout son soutient pour la mise en place des recommandations qui y ont été faites », a confié Jean Nkuete, secrétaire général du Comité central du Rdpc. Cabral Libii ajoute que « en toute convivialité et franchise, il a été abordé certaines problématiques de l’heure au Cameroun. Un accent particulier a été mis sur la crise anglophone, qui engage la coopération entre la France et le Cameroun, ainsi que sur la lutte contre le terrorisme dans le septentrion ».
La France va tenir sa place
Devant les chefs d’entreprises à Douala, le ministre français a affirmé que la France va tenir sa place en Afrique, face à la concurrence chinoise et russe. Il a ensuite promis un partenariat gagnant-gagnant aux pays qui font le choix de travailler avec les entreprises françaises. « En Afrique nous devons tenir notre place…parfois on a tendance à oublier que la France a des qualités industrielles et entrepreneuriales dans ce domaine », a-t-il lancé.
Contrecarrer la menace russe
La visite de l’homme d’Etat français est tombée au même moment où se tenait en Russie le tout premier sommet Russie-Afrique. Paul Biya avait donc le choix entre se rendre en Russie et recevoir son hôte français. La Russie a décidé d’ouvrir une nouvelle page avec le continent africain et a promis d’aider le Cameroun à lutter contre le terrorisme maritime. Pour contrecarrer cette offensive de Moscou, la France a opté de se mettre résolument aux côtés du Cameroun. Jean -Yves le Drian s’est ainsi rendu au Cameroun avec un navire de la marine française, qui a accosté au port de Kribi, le même jour que l’arrivée du ministre. Ce navire avait à son bord, 180 militaires français. Le bâtiment marrin dénommé « Somme », spécialisé pour le ravitaillement et le commandement contenait aussi du matériel militaire pour l’exercice « Grand Africa Nemo ». Selon la Crtv, cette mission est en prélude à « un exercice militaire sous régional. L’exercice Grand Africa Nemo vise la mise en place des stratégies concertées des pays pour la lutte contre l’insécurité maritime sur le Golfe de Guinée : la pollution maritime, la piraterie, les trafics illicites, le secours en mer. »
Joseph Essama
Cameroun-France: les coulisses de la visite de Jean-Yves Le Drian
Arrivé au Cameroun le 23 octobre dernier, le ministre français de l’Europe et des Affaires Etrangères est reparti le lendemain, après une visite chargée où il a rencontré le président de la République, la classe politique, les organisations de la société civile et les chefs d’entreprises.