Dans un courrier adressé à son homologue Camerounais, Emmanuel Macron, président français, a reconnu officiellement que la France a mené une guerre au Cameroun contre les indépendantistes, entre 1945 et 1971. Avouant que « les autorités coloniales et l’armée française ont exercé des violences répressives de nature multiple au Cameroun ». Dans « une guerre qui s’est poursuivie au-delà de 1960, année de l’Indépendance, avec l’appui de la France aux actions menées par les autorités camerounaises indépendantes ». Parlant de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Dans son courrier, Emmanuel Macron reconnaît avoir fait usage de méthodes jadis appliquées en Algérie et en Indochine : « recours à la torture, ratissages massifs, arrestations préventives, rafles, déplacements de populations… », écrit Emmanuel Macron. Et d’ailleurs le Haut-Commissaire Pierre Mesmer, arrivé en 1957 sortait tout droit d’Algérie.

Plus important, la France a reconnu également la responsabilité de la France dans la mort de quatre leaders indépendantistes camerounais : Ruben Um Nyobè, Paul Momo, Isaac Nyobè Pandjock et Jérémie Ndéléné. « Les travaux de la Commission se sont penchés sur certains épisodes spécifiques de cette guerre, d’opérations militaires menées sous commandement français des quatre leaders indépendantistes Isaac Nyobè Pandjock (17 juin 1958), Ruben Um Nyobè (13 septembre 1958), Paul Momo (17 novembre 1960) et Jérémie Ndéléné (24 novembre 1960). Il me revient d’assumer aujourd’hui le rôle et la responsabilité de la France dans ces événements ».
William Bechtel, Félix Moumié,Ernest Ouandié,…
Emmanuel Macron n’est pas clair sur les cas de deux poids lourds du « parti historique » : Félix Roland Moumié (premier président de l’UPC) assassiné à Genève le 3 novembre 1960 par empoisonnement au thallium et Ernest Ouandié (vice-président de l’UPC), dernier leader upéciste fusillade le 15 janvier 1971 à Bafoussam. Pour le premier cas, des sources historiques accusent William Bechtel, agent des services secrets français d’en être l’auteur. Le second a été fusillé alors que le Cameroun avait acquis son indépendance : Ahmadou Ahidjo.
Emmanuel Macron s’appuie sur le rapport de la commission mixte mise sur pied en 2023 conjointement avec Paul Biya du Cameroun, pour faire la lumière sur la période trouble qui a marqué la lutte indépendantiste au Cameroun. Rapport dont la rédaction a été coprésidée par l’historienne française Karine Ramondy et l’artiste camerounais Blick Bassy. Ce rapport remis le 29 janvier 2025 au président Macron et quelques jours plus tard à Paul Biya, est diversement apprécié : des voix s’élèvent au Cameroun pour dénoncer des insuffisances ; comme le génocide perpétré en pays Bamiléké et Bassa. Mais la France qui a financé les recherches et la rédaction duit rapport, s’en félicite. Cependant, Emmanuel Macron reste muet sur d’éventuelles réparations. Chose qu’exige le Cameroun officieux. Un pas est certainement fait, mais du chemin reste à faire.

Jadis protectorat allemand, le Kamerun a été cédé à la Société des Nations (SDN) pour en assurer le mandat, puis à l’Organisation des Nations unies (ONU) pour en assurer la tutelle. La France et la Grande-Bretagne ont assuré la gestion de ce territoire divisé à parti du fleuve Moungo, avec la France à l’est et la Grande-Bretagne l’Ouest. De son côté, la France a tenté d’assimiler le territoire à une colonie.