Alphonse Ayissi Abena, « Le gouvernement doit rappeler à l’ordre les cimenteries et aciéries »

Le président exécutif de  la Fondation Camerounaise des Consommateurs parle de la conjoncture actuelle marquée par l’augmentation selon lui « illégale » des prix des matériaux de construction et de la manifestation que comptait organiser le FOCACO.

Votre association avait prévu une manifestation pour protester contre la hausse des prix de certains matériaux de construction. Quelle est la fourchette de cette augmentation sur les différents produits ?

Le fer à béton de 6 qui se vendait  à 1600 francs est  aujourd’hui vendu dans toutes les quincailleries dans la ville de Douala  à 1800F, 1850F et 2000 francs par endroit. Nous disons non à cette augmentation qui crée des préjudices énormes  aux ménages, aux consommateurs parce que beaucoup de chantiers sont en arrêt. Il y a des entrepreneurs  qui  jonglent avec les quantités. Là où il va falloir poser le fer de 8, c’est plutôt le fer de 6 qu’on mettra et bienvenu aux catastrophes, effondrements d’immeubles. Nous disons au gouvernement de  rappeler à l’ordre  ces cimenteries, ces aciéries et ces vendeurs  de tôle car ces augmentations sont illégales. Je rappelle que le ciment et le fer à béton  sont des produits dont les tarifs sont soumis à l’homologation préalable. Donc ces tarifs ne peuvent être modifiés qu’avec le visa du ministère du Commerce qui est en charge de la surveillance du marché. Aujourd’hui  les multinationales sont passées outre cet arrêté  rendant obligatoire l’homologation de certains tarifs dont on pratiquait la hausse  sans avoir l’aval du ministère du Commerce.

Le ministre du Commerce après avoir constaté la flambée des prix, a reçu quelques industriels à Yaoundé. Au terme de cette réunion, il était question de suspendre la hausse en attendant l’aboutissement des négociations. Avez-vous observé une seconde hausse après cette réunion ?

La réunion avec le ministre du commerce a accouché d’une souris puisque les cimenteries, aciéries avaient déjà  pratiqué des hausses des prix. L’année dernière déjà le sac de ciment  52.5 coûtait moins de 4500 francs.  Aujourd’hui c’est à 4900 francs dans les centres  urbains, et plus vous vous éloignez des villes, la tarification augmente atteignant 6000 franc dans certaines zones.  Je ne parle pas du nord où ces prix atteignent 7000 francs voire 9000 FCFA. C’est insoutenable et  incompréhensible que le ministre du commerce laisse les industriels dicter la loi aux consommateurs que nous sommes. Ils ont mis le ministre devant les faits, en évoquant le prétexte fallacieux du coronavirus. Dans les années 80 ou 90 il y avait une seule cimenterie au Cameroun et le sac de 50 KG de ciment coûtait moins de 3500 francs CFA. Aujourd’hui avec plus de 8 cimenteries et une capacité de  6 millions de tonnes par an, on ne comprend pas que les prix flambent. Ça  devait être le contraire puisque l’offre actuelle est  supérieure à la demande.

Les industriels justifient cette hausse par les prix des matières premières qui eux aussi connaissent une augmentation, en plus des difficultés liées à l’importation. Cette explication ne vous semble t -elle pas cohérente ?

Nous rejetons ces alibis qui sont fallacieux car ces aciéries et cimenteries ont des marges  bénéficiaires qui tournent autour de 40 et 50%. Donc il ne devrait pas y avoir d’augmentation au Cameroun et  surtout que le clinker qui est la matière première  du sac du ciment n’a pas connu une hausse assez vertigineuse pour qu’on vienne impacter cette hausse sur  le prix mis à la disposition du consommateur final. Pour en avoir la preuve,  il faut exiger aux cimenteries  et aux aciéries, de mettre à  disposition leurs structures de prix, leurs coûts  de production.  La tonne de clinker  avec un fret maritime qui a été surévalué arrive  au Cameroun à 60 dollars. Donc si vous divisez 60 dollars par 20  ça vous donne le prix que représente le clinker dans un sac de 50 kg. Donc  on est  à moins de 1500 francs le prix de revient pour un  sac .   Nous disons que ces cimenteries sont en train de se moquer des camerounais. On nous avait vendu la concurrence, la floraison  de cimenteries en disant que ça aura un impact sur la baisse du prix du sac de ciment mais aujourd’hui, il est compréhensible.  Il y a des importateurs qui sont prêts à faire venir du ciment au Cameroun et vendre le sac à 3500 francs dans toutes les dix régions du pays. Même chose pour le fer donc nous ne pouvons pas avoir limité le ciment importé  et de fer à béton et que ces industries se retournent contre nous. Nous disons notre mécontentement. Les pouvoirs publics ont interdit notre manifestation alors que nous voulions simplement présenter la réalité.

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