Le président national du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM), Anicet Ekane, est décédé en détention le 1er décembre 2025, a confirmé son avocat, Me Emmanuel Simh. L’opposant avait été interpellé lors des troubles liés à la contestation de l’élection présidentielle. Celle-ci portait sur la victoire que revendiquait Issa Tchiroma Bakary. Les autorités le soupçonnaient d’hostilité envers la patrie, révolution, incitation à la révolte et appel à l’insurrection. Très engagé Privé de ses équipements médicaux pendant plus d’un mois, il a succombé à la maladie.
Figure connue pour son engagement contre le parti au pouvoir, Ekane s’était illustré par ses prises de position fermes lors des séquences électorales. Notamment lors de la présidentielle 2025, après le rejet de la candidature de Maurice Kamto pour pluralité d’investiture, il avait dénoncé « une provocation manifeste et grossière faite au peuple du changement par l’alliance ELECAM-gouvernement », tout en appelant les Camerounais « au calme et à la retenue ».
Né le 17 avril 1951 à Douala, Ekane cumulait près d’un demi-siècle de militantisme politique. Formé à l’école publique d’Akwa puis au Collège Liberman, au Lycée Joss, au Collège Alfred Saker et au Collège Saint-Pierre de Lille, il obtient un baccalauréat scientifique avant de poursuivre des études supérieures en économie et en gestion à Lille. Son engagement prend forme au sein de l’Union nationale des étudiants kamerunais (UNEK) dès 1971.
Un événement fondateur marque son parcours : le 15 janvier 1971, il assiste à Bafoussam à l’exécution d’Ernest Ouandié, figure de l’UPC, scène qu’il décrira comme déterminante dans son orientation politique. Il adhère à l’UPC en 1973 et devient, après son retour au Cameroun en 1983, un cadre clandestin chargé d’implanter les structures internes du parti. À la fin de 1989, il participe à l’encadrement du groupe de démocrates patriotes autour de Me Yondo Black.
Arrêté le 19 février 1990, il est jugé par le tribunal militaire de Yaoundé et condamné à quatre ans de prison ferme, vingt millions de francs CFA d’amende, les frais de procédure et la déchéance de ses droits civiques. Sa détention se déroule successivement à la Brigade mixte mobile du Cener, à la BMM de Yaoundé puis à la prison productive de Batouri.
En 1995, il quitte l’UPC pour fonder le MANIDEM, formation qu’il dirigeait jusqu’à son décès.







