La Cour suprême n’a pas rejeté la liste du Mouvement démocratique pour la Défense de la Démocratie (MDR) dans le département du Mayo-Kani, région de l’Extrême-Nord. Contrairement aux informations véhiculées depuis quelques jours, et soutenues par Elections Cameroon (Elecam) même. Au sujet de l’arrêt rendu ce 21 novembre dernier par la Chambre administrative de cette juridiction suprême. En effet, la Chambre administre de la Cour suprême a annulé le jugement N°39/CE/TA/MRA/2025 du 10 octobre 2025, du tribunal administratif de Maroua. Jugement qui, s’il a rejeté la demande d’annulation de la liste investie par Me Paulin Djorwé, demandait à Elecam de réintégrer la liste du MDR dans la course pour les postes de conseillers régionaux dans le Mayo-Kani. Ce jugement concernait la saisine par Hassana Adama, mandataire de Tigana Daïssala, fils du fondateur du parti, qui revendique la présidence du parti, malgré que la justice l’ait debouté.
L’ambigüité vient du fait que ce jugement ordonnait la réhabilitation par Elecam, «de la liste des candidats du MDR signée par sieur Boubakar Hamadou son mandataire…». Boubakar Hamadou étant le mandataire désigné par Me Paulin Djorwé, président reconnu par la justice.
Deux recours différents
Le même 10 octobre 2025, le tribunal administratif de Maroua avait rendu un autre jugement, le N°36/CE/TA/MRA/2025, sur la saisine de l’autre camp. Et c’est Boubakar Hamadou qui l’avait fait le recours, demandant la réhabilitation de la liste qu’il conduit, en tant que mandataire désigné par Paulin Djorwé. Cet autre jugement n’a jamais été attaquée par une quelconque partie concernée. Du coup, Me Djorwé Paulin crie à la « manipulation», au sujet de l’interprétation de l’arrêt de la Cour suprême dont il n’est pas concerné. Constatant qu’Elecam qui, au 15 octobre dernier, a pris une résolution pour réadmettre la liste MDR initialement rejetée pour « double investiture », ne s’est jamais retractée, mais entretient la confusion en soutenant que désormais, il n’y a plus que 10 partis en lice pour les régionales, en soustrayant le MDR. « L’arrêt de la Cour suprême annule le jugement N°39 du 10 octobre 2025, qui concerne l’affaire Hassana Adama contre Elecam et Boubakar Hamadou». En soulignant que « le jugement N°36… n’a fait l’objet d’aucun recours ni par Elecam, ni par le ministère public, ni par les imposteurs Hassani Adama et son commanditaire Daïssala Tigana Tassi ».
Le 28 septembre dernier, Elecam avait rejeté les deux listes investies par le MDR, par les deux factions qui se mènent une guerre de légitimité et de légalité à la tête de ce parti fondé par Dakolle Daïssala. Les deux parties avaient attaqué cette décision en saisissant le tribunal administratif de Maroua. Lequel a rendu deux décisions séparées le même jour. A noter que le mandataire de la faction Djorwé avait fait une intervention volontaire dans la procédure de l’adversaire. S’imposant de fait comme partie prenante dans cette affaire, afin de pouvoir éventuellement attaquer la décision finale en cas de nécessité. Ce qui ne fut pas le cas pour la partie adverse, qui aurait ainsi eu l’occasion d’attaquer la décision y relative.
Cet autre jugement devenu définitif, ne peut plus être attaqué. Du coup, « le jugement qui était déjà exécutoire, ne peut plus être attaqué à ce jour», rappelle Me Paulin Djorwé. Alors, « le MDR reste en lice pour les élections du 30 novembre dans le Mayo-Kani», conclut-il. « Le tribunal administratif aurait pu joindre les deux procédures que mes adversaires auraient intérêt à attaquer la décision qui réhabilite la liste de mon mandataire. Cela n’a pas été fait. Il restait à Hassana Adama d’y faire une intervention volontaire», enseigne l’avocat au Barreau du Cameroun. Reste à voir si Elecam va se raviser. Une attitude que Paulin Djorwé trouve suspecte. Toujours est-il que le président légalement reconnu du MDR sait que « Tassi n’est pas seul. Il est piloté par des mains invisibles ».







