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Crise post-présidentielle : les appels au calme des Organisations internationales se multiplient

Au lendemain de la proclamation de la victoire de Paul Biya à la présidentielle du 12 octobre 2025, la communauté internationale hausse le ton. L’Organisation des Nations unies (ONU), l’Union européenne (UE) et plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, dénoncent la répression des manifestations qui ont éclaté dans plusieurs villes du Cameroun.

Les réactions officielles, publiées le 28 octobre, traduisent une inquiétude croissante face à la dérive sécuritaire et politique du pays. Le Secrétaire général des Nations unies, par la voix de son porte-parole Stéphane Dujarric, a dit avoir « pris note » des résultats proclamés le 27 octobre par le Conseil constitutionnel, mais s’est déclaré « profondément préoccupé » par la vague de violence post-électorale. Le communiqué fait état de « pertes en vies humaines et de blessés » parmi les manifestants et les forces de sécurité, sur fond d’accusations d’usage excessif de la force. L’ONU appelle à « une enquête approfondie et indépendante » sur ces incidents.

Ce terme d’« enquête indépendante » renvoie à une procédure menée en dehors de toute influence du pouvoir exécutif, par des organes judiciaires ou des commissions nationales et internationales reconnues. L’objectif, selon le système onusien, est d’établir les faits, de situer les responsabilités et d’éviter l’impunité.

Le Secrétaire général exhorte les acteurs politiques à « faire preuve de retenue » et à « rejeter la violence ». Il insiste sur « la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales », rappelant l’obligation des autorités de garantir la sécurité de tous les citoyens, y compris des personnes arrêtées à la suite des manifestations. Il invite enfin au « dialogue inclusif », un processus politique ouvert à toutes les sensibilités, visant à résoudre les différends par des voies légales et pacifiques.

À Bruxelles, la réaction de l’Union européenne va dans le même sens. Dans une déclaration du Service européen pour l’action extérieure (EEAS), l’UE se dit « profondément préoccupée par la répression violente des manifestations des 26 et 27 octobre », et déplore « la mort par arme à feu de plusieurs civils ». L’institution rappelle que ses relations avec le Cameroun reposent sur l’Accord de Samoa, un traité signé avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, qui fixe les principes de gouvernance démocratique, de respect des droits humains et de l’État de droit.

L’Union européenne appelle les autorités camerounaises à « identifier les responsabilités », à « faire preuve de transparence » et à « faire justice », trois exigences qui renvoient à la lutte contre le recours excessif à la force et les détentions arbitraires. Elle demande la « libération immédiate » des personnes arrêtées pour avoir exprimé leur opinion ou manifesté pacifiquement. L’UE invite en outre les acteurs politiques à s’abstenir de tout « discours de haine » et à privilégier « un dialogue constructif » pour préserver la stabilité et la cohésion nationale.

Ces prises de position simultanées de l’ONU et de l’Union européenne, rarement aussi concordantes depuis la crise anglophone de 2016, marquent un tournant diplomatique. En soulignant la nécessité d’un « environnement sûr et sécurisé » et d’une « justice transparente », les deux institutions adressent un signal clair à Yaoundé sur les attentes de la communauté internationale.

Sur le terrain, les tensions demeurent vives. Dans plusieurs quartiers de Yaoundé, Douala, Bafoussam et Bamenda, des affrontements ont opposé forces de l’ordre et manifestants contestant la réélection du chef de l’État, au pouvoir depuis plus de quatre décennies. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des rues désertes, des commerces fermés et un déploiement massif de gendarmes.

Amnesty International, dans un communiqué distinct publié le même jour, parle d’un « usage disproportionné de la force » et demande la « fin immédiate des arrestations arbitraires ». L’ONG souligne que « le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution camerounaise » et exhorte les autorités à respecter les engagements internationaux du pays.

En moins d’une semaine, la présidentielle de 2025, censée consolider la stabilité du Cameroun, a fait basculer le pays dans une zone d’incertitude politique et diplomatique. Tandis que les chancelleries occidentales appellent au calme et à la transparence, la situation sur le terrain laisse craindre une crise prolongée. Le Cameroun, pilier de la stabilité en Afrique centrale, se trouve ainsi sous observation étroite, au moment où les regards se tournent vers la capacité de Yaoundé à restaurer la confiance et à rouvrir le dialogue national.

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