En attendant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier, le territoire national est le théâtre d’une violence indescriptible. La compilation des résultats issus des bureaux de vote donne lieu à des contestations de part et d’autre. Avec une constante : les soupçons et accusations de fraude sur les procès-verbaux issus des bureaux de vote. Les réseaux sociaux servent de canal de mobilisation inconditionnels pour »défendre le vote ».
Une défense qui s’est très souvent muée en contestations populaires et violentes. Pour la seule journée d’hier 15 octobre, pas moins de cinq villes ont été agitées. C’est Douala qui a donné le ton en mi-journée dans le 5ème arrondissement. Un communiqué d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe chargé de l’organisation des élections, indique que tout est parti d’une incompréhension. Un monsieur à son passage devant l’antenne communale d’Elecam a aperçu le personnel nettoyant le nécessaire qui a servi au vote dimanche dernier. Ayant aperçu des urnes et des enveloppes, l’homme aurait cru à une opération de bourrage des urnes, et a aussitôt alerté les moto-taximen. De bouche à oreille et grâce à la puissance des réseaux sociaux, une foule de contestataires a pris d’assaut l’antenne communale d’Elecam. Les responsables du Front pour le Salut national du Cameroun (Fsnc) d’Issa Tchiroma y ont débarqué. Il s’avère que l’un d’eux a été interpellé, jettant de l’huile sur le feu. Il aura fallu un renfort policier pour parvenir à disperser la foule à coup de gaz lacrymogènes.
A Kousseri, c’est le président du Tribunal de Grande instance qui a subi les foudres d’une foule qui l’accusait de fabriquer un faux procès-verbal. L’homme a dû confesser avoir failli. Bafoussam n’a pas manqué au rendez-vous. Des camions antiémeutes ont dû intervenir pour disperser les contestataires qui ont convergé vers le palais de justice, à l’appel des équipes du candidat Issa Tchiroma accusant le président du tribunal d’avoir séquestré leur représentant afin qu’elle signe de faux procès-verbaux.
C’est la ville universitaire de Dschang dans la région de l’Ouest que l’on a enregistré la contestation la plus populaire. Dans la ville du secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et du ministre Jean de Dieu Momo, les hostilités entre les hommes en tenue et les contestataires a abouti à l’incendie du siège du Rdpc, parti au pouvoir et du palais de justice.
Le soir même de l’élection présidentielle, la ville de Garoua avait déjà très agitée. Alors que la gendarmerie essayait d’arrêter Issa Tchiroma Bakary, une foule nombreuse s’était interposée, et avait réussi à exfiltrer celui qui se fait appeler »candidat du peuple ». Dans la foulée, un camion de la gendarmerie a été brûlé, de nombreux blessés dont deux gendarmes dans une situation grave.