« S’il est vrai que notre pays dispose d’un sous-sol riche en ressources minières, le secteur minier, hors pétrole, ne contribue qu’à hauteur de 1% du Produit Intérieur Brut ». Dans son discours à la Nation le 31 décembre 2022, Paul Biya reconnaît une faiblesse de son gouvernement à saisir les opportunités naturelles qui lui sont offertes pour développer le Cameroun. « En développant la mine solide, nous pourrons assurer le relais des hydrocarbures dont les stocks s’amenuisent et disposer de ressources financières supplémentaires, qui pourront être affectées au financement de nos investissements », a compris le président de la République.
Et pour mettre en application cette prise de conscience, le président de la République compte sur l’exploitation de trois gisements de fer : Kribi-Lobé, Mbalam-Nabeba et Bipindi-Grand Zambie. Trois projets dont la signature des conventions minières et les permis d’exploitation sont déjà octroyés aux entreprises adjudicataires et dont la mise en exploitation est prévue cette année. Pour le premier projet, Paul Biya rappelle qu’il est prévu la construction d’une usine d’enrichissement du fer, d’un pipeline d’environ 20km et d’une centrale de production d’énergie de 60 mégawatts. Dans le cadre du second projet, « notre pays bénéficiera, entre autres, d’une ligne de chemin de fer de 540 kilomètres entre Nabeba au Congo et le Port de Kribi, où sera édifié un terminal minéralier», souligne-t-il. Enfin, à Bipindi, il est prévu « le développement d’un complexe sidérurgique pour la transformation locale du fer, la construction d’un pipeline et de plusieurs infrastructures de base au bénéfice des populations », a indiqué le Chef de l’Etat.
Lacunes
Ainsi, Paul Biya envisage de relancer l’économie camerounaise à travers le secteur minier qui a priori présente d’énormes atouts pour la réalisation de cette ambition. Mais des résultats probants ne devraient pas être perceptibles de si tôt. La loi minière en vigueur au Cameroun n’a prévu que 15% des ressources pour la transformation locale. Une part dérisoire réservée à l’industrie locale que l’homme vise dans ce projet de relance de l’économie nationale. Or la transformation locale, même si elle ne consistait qu’en une pré-transformation, suppose la création d’entreprises, et conduirait à la création d’emplois et donc de richesses.
Cela survient dans un contexte où le Cameroun semble stagner, ou même régresser en termes d’industrialisation. Dans son dernier rapport sur l’industrialisation de l’Afrique en novembre dernier, la Banque africaine de développement (BAD) classait le Cameroun au 24ème rang, derrière des pays comme la Guinée équatoriale, le Gabon et le Congo. Et pourtant, le pays de Paul Biya s’est lourdement endetté ces dernières années, dans le cadre de projets structurants. Mais à l’évidence, l’ardoise qui se chiffre à 12000 milliards de francs CFA, n’aura pas eu de réel impact sur le développement du Cameroun.
Cabral Libi’i dénonce les »projets endettivoires »
Et l’honorable Cabral Libi’i le relevait déjà face au Minfi, à travers cette question : « Que met le Cameroun comme argent pour son industrialisation ?». Le député PCRN dénonçait les « projets endettivores» tels que le barrage hydroélectrique de Memve’ele et l’autoroute Douala-Yaoundé. L’élu du Nyong-et-Kelle fustigeait l’obstination du gouvernement à ne pas assez faire des investissements productifs. Ce qui a poussé le pays à s’endetter pour rembourser sa dette. Et face à la difficulté à renverser la vapeur, Yaoundé a cette fois-ci préféré augmenter les taxes et impôts, comme c’est le cas dans la Loi des finances 2023. Mais aussi, donner un nouveau souffle industriel via le minier.