Quels sont les principaux axes de financement que vous privilégiez pour soutenir le développement au Cameroun ?
Alors, nos centres d’intérêt en général sont le développement territorial et urbain, le développement rural, l’entreprise rurale et l’employabilité. En 2024, concrètement, nous avons eu un très gros projet que nous avons octroyé et que nous prévoyons de signer bientôt : un prêt aux villes de Yaoundé et de Douala de 150 millions d’euros pour lutter contre les inondations. C’est le gros bloc. Ensuite, il y a eu un financement pour l’entrepreneuriat en zone septentrionale et dans l’Est, qui accompagne un projet initié par le ministère des Petites Et Moyennes Entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa) et ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).
Alors, dites-nous, en ce qui concerne le Cameroun, on parle d’une enveloppe de plus d’un milliard d’euros. Concrètement, à quoi peut-on s’attendre en 2025 ?
Un milliard d’euros, c’est le volume de notre portefeuille. C’est l’ensemble des projets qui ne sont pas encore terminés, qui sont en cours d’exécution et de décaissement. En 2024, nous avons engagé, donc autorisé, un peu plus de 100 milliards de FCFA. Pour 2025, nous préparons des projets d’infrastructure, notamment un projet de réhabilitation de la route nationale Yaoundé-Douala. Nous préparons également des projets déjà identifiés sur le C2D, dont un appui budgétaire au ministère de l’Éducation, un appui budgétaire au ministère de la Santé, ainsi qu’un projet d’appui au ministère de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel) pour soutenir la décentralisation.
Qu’est-ce qui justifie le fait que les projets financés par l’AFD au Cameroun concentrent 34 % des financements en Afrique centrale ?
Oui, effectivement, nous sommes à un peu plus d’un tiers. Le Cameroun représente plus de 34 % des projets financés par l’AFD dans les cinq pays d’Afrique centrale. Je pense que cela reflète l’importance économique du Cameroun. On sait que le Cameroun est le moteur de l’Afrique centrale, ce qui justifie cet engagement. C’est un pays stratégique dont le développement économique rayonne sur l’ensemble de la région.
Madame, cela représente tout de même une somme considérable, plus d’un milliard d’euros. Comment vous assurez-vous que cet argent sera réellement investi dans ces projets ?
Nous sommes redevables de la bonne utilisation des fonds, aussi bien vis-à-vis du ministère qui nous encadre, du gouvernement français, que des bénéficiaires. Il est essentiel d’éviter toute perte de fonds. Nous avons plusieurs mécanismes pour garantir leur bon usage. Tout d’abord, nous avons des conventions strictes encadrant l’utilisation des fonds. Ensuite, nous menons des audits réguliers et effectuons des visites de terrain. Chaque année, nous avons une trentaine de missions qui se déplacent pour vérifier l’avancement des projets. Je me rends moi-même sur le terrain, même si mon regard est moins technique. J’ai déjà visité 9 des 10 régions du Cameroun. À l’issue des audits, nous vérifions que les dépenses correspondent aux engagements pris. Si certaines ne sont pas conformes, nous demandons parfois des remboursements. De plus, chaque fois qu’une plainte est déposée concernant une éventuelle mauvaise utilisation des fonds, nous l’étudions avec attention, nous y répondons et nous documentons les conclusions. Nous sommes extrêmement vigilants sur ce point, car c’est une préoccupation majeure. En tant qu’établissement bancaire, nous sommes audités régulièrement. Un élément supplémentaire à souligner est que, sauf dans le cas d’une aide budgétaire destinée à soutenir directement le budget d’un ministère, chaque projet financé entraîne l’ouverture d’un compte spécifique. Cela nous permet de tracer les fonds depuis la France jusqu’à leur affectation finale, au bénéfice réel des projets concernés.