L’entreprise du groupe Kadji dénonce des violations des règles communautaires dans le processus de rachat ainsi que des pratiques non favorables à la concurrence sur ce marché.
Dans un communiqué publié par ses avocats, l’Union Camerounaise des Brasseries (UCB) réagit suite à une décision prise il y a quelques jours par le Conseil Communautaire de la Concurrence de la CEMAC (CCC). Cet organe en charge des questions de concurrence dans la zone Cemac a approuvé le 28 mars dernier le rachat de Guinness Cameroon SA par la Société Anonyme des Boissons du Cameroun (SABC) filiale du groupe Castel. Cette annonce faite par le DG de la SABC à son personnel a été abondamment relayée par la presse. Et c’est par ce canal qu’UCB dit avoir également été informé. Ce qui n’est pas normal expliquent ses avocats.
« A ce jour, aucun communiqué officiel n’a été publié sur cette opération, ni par la Commission de la CEMAC, ni par le CCC, ni même par les autorités camerounaises. Les seuls éléments connus de cette transaction figurent dans le communiqué conjoint SABC-GCSA rendu public courant juillet 2022 et dans diverses publications, dont un communiqué récent de SABC informant le public de ce que l’opération a été approuvée par les autorités de la CEMAC le 28 mars 2023 ».
Violation des règles communautaires
UCB souligne que la démarche du Conseil Communautaire de la Concurrence de la CEMAC n’est pas conforme aux textes. Les avocats de l’entreprise dénoncent la non publication des détails sur les opérations de rachat de Guinnes Cameroon par le CCC. Ce, alors même qu’ils en ont fait une demande formelle depuis décembre 2022 afin d’obtenir d’une part des informations mais aussi de solliciter que le CCC les rendent public dans le Bulletin officiel de la CEMAC, tel que l’exigent les textes. « En effet, en vertu des textes de la CEMAC, dans le cadre de l’examen d’une opération de concentration, le CCC a notamment l’obligation de publier un résumé de l’opération au Bulletin officiel de la CEMAC en indiquant les délais dans lesquels les personnes et entreprises intéressées peuvent faire valoir leurs observations. De même, le CCC se devait de procéder à l’audition préalable des entreprises concernées, mais également de tous tiers susceptibles d’apporter des éléments qui lui auraient permis de jauger des effets de l’opération sur le marché et sur la libre-concurrence ». Peut-on lire sur le communiqué.
Les avocats d’UCB font également savoir que le CCC avait répondu à leur demande en les invitant à présenter les préoccupations d’UCB dans un délai de 14 jours. Mais le conseil d’UCB dit en retour, avoir rappelé au Président de la Commission que sa cliente « ne cherchait pas à bénéficier d’un traitement de faveur », soulignant ainsi l’obligation pour le CCC de rendre public les informations pour l’ensemble des consommateurs, des opérateurs économiques et des citoyens de la zone CEMAC. L’entreprise était donc jusqu’ici en attente de cette publication, avant d’apprendre la nouvelle de la validation du rachat.
UCB est d’autant plus courroucée qu’elle avait manifesté son intérêt pour cette acquisition auprès du groupe DIAGEO. Mais elle « n’a jamais eu aucun retour » selon ses avocats qui accusent les autorités communautaires « de cristalliser la suprématie d’un seul opérateur qui a déjà la mainmise sur plusieurs des circuits locaux d’approvisionnement en intrants tels que le sucre et le maïs mais également sur l’embouteillage ».
Il faut dire que le rachat de Guinness SA filiale de Diageo portait sur un montant de 300 milliards de FCFA. Annoncée en juillet 2022 par Diageo et Castel, l’opération devait permettre à la SABC de contrôler plus de 80% du marché local. Les avocats d’UCB entendent porter l’affaire en justice.