Les interpellations sont intervenues lors d’une opération ciblée menée récemment par les agents de la Délégation régionale des Forêts et de la Faune de l’Est, avec l’appui technique de l’organisation spécialisée dans l’application de la loi faunique, The Last Great Ape Organisation (LAGA), indiquent des sources proches du dossier. Les suspects ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de commercialiser 60 perroquets gris à queue rouge, transportés dans le coffre d’un véhicule administratif noir de marque Prado.
Selon les mêmes sources, le véhicule utilisé appartient à un sous-préfet en fonction dans la région. Parmi les personnes arrêtées figure le frère de cette autorité administrative. Le véhicule officiel aurait servi à faciliter le transport des oiseaux et à réduire les risques de contrôle, dans un contexte où l’usage de moyens administratifs est régulièrement détourné pour masquer le trafic de produits issus de la faune sauvage.
Les perroquets auraient été convoyés depuis Messok, dans le département du Haut-Nyong, jusqu’à Bertoua, capitale régionale de l’Est. Des sources ayant requis l’anonymat précisent que les oiseaux ont d’abord été capturés puis maintenus en quarantaine dans un village situé à environ 25 kilomètres de Messok, avant leur transfert vers la ville. Ce mode opératoire est présenté comme récurrent dans les circuits de trafic d’espèces protégées opérant entre les zones forestières et les centres urbains.
Les trois suspects seraient membres d’un réseau structuré de trafic d’espèces sauvages, avec une répartition précise des rôles. Le ressortissant ghanéen, décrit comme disposant de connexions avec des réseaux internationaux de trafiquants de perroquets, était chargé de la capture et de l’entretien des oiseaux en captivité. Les deux autres suspects assuraient l’alimentation, le transport et la recherche d’acheteurs, selon des informations recueillies auprès de sources proches de l’enquête.
Le perroquet gris africain, également appelé perroquet gris à queue rouge, est originaire de plusieurs pays d’Afrique centrale et occidentale, dont le Cameroun, le Ghana, le Gabon, le Congo et la Guinée équatoriale. Apprécié sur les marchés internationaux pour ses capacités cognitives et son aptitude à imiter la voix humaine, il figure parmi les espèces les plus touchées par le trafic transfrontalier d’animaux sauvages.
Depuis 2016, cette espèce est inscrite à l’annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES), ce qui interdit toute forme de commerce international. Au Cameroun, la loi de 2024 relative au régime de la faune sauvage prévoit, pour des faits de cette nature, des peines pouvant aller jusqu’à 20 ans d’emprisonnement et des amendes pouvant atteindre 50 millions de francs CFA, en cas de condamnation.
Les autorités judiciaires n’ont pas encore communiqué sur les suites judiciaires immédiates, mais les sources sécuritaires indiquent que l’enquête se poursuit afin d’identifier d’éventuelles ramifications nationales et transfrontalières de ce réseau.







