Transports : quand la reprise des cours relance l’incivisme

Profitant de la réouverture des écoles, les chauffeurs de taxis et conducteurs de motos bravent les mesures barrières de lutte contre le coronavirus.

Malgré la montée en puissance des effets de la propagation du nouveau coronavirus, l’incivisme dicte sa loi dans le secteur des transports urbains au Cameroun. Une situation alarmante qui regagne du terrain depuis la reprise des cours dans les campus universitaires et les établissements scolaires le 1er juin dernier. Dans un contexte marqué par la flambée du nombre de cas positifs (6397) et de décès (199), les élèves et étudiants sont les plus exposés. « L’incivisme des chauffeurs de taxi et des conducteurs de motos fait peur. Le fait que les cours reprennent est cependant perçu comme une aubaine pour ces derniers qui n’hésitent pas à torpiller les mesures du gouvernement. A cette allure, il est évident que le risque de contamination est trop élevé, et nos enfants vont en pâtir puisque le bilan de la pandémie s’alourdit de jour en jour », s’indigne un parent.

Lundi 1er juin 2020 à Yaoundé. Il est 9h 30 min à Yaoundé, au lieu dit montée Camair-Co. Des étudiants attendent des cars susceptibles de les transporter jusqu’à leur campus de l’Université de Yaoundé II (Soa). A tour de rôle, les véhicules font le plein. Ignorant en passant toutes les mesures barrières de lutte contre la pandémie, notamment la distanciation physique. Dans tous les cars en effet, la surcharge est de rigueur. « Avec cette reprise des cours à l’Université de Yaoundé II, les chauffeurs veulent à tout prix se remplir les poches », affirme Achille, étudiant en Sciences politiques. « C’est la course effrénée vers l’argent même s’il faut qu’ils mettent la santé des uns et autres en danger » a-t-il ajouté. Compte tenu du niveau de paupérisation qui caractérise la jeunesse estudiantine, elle n’a pas d’autres alternatives. Le seul moyen pour se rendre à l’Université à moindre coût reste ces engins qui les transportent au prix de 250 francs CFA. « Nous n’avons pas de choix que d’emprunter ces véhicules pour aller faire cours. Même si la surcharge est réelle, on n’a pas d’autres possibilités puisque les moyens font défaut », lâche Carole. Ça et là, on peut entendre des voix s’écrier : « serrez vous, serrez vous, les sièges prennent cinq personnes ». Une attitude qui n’est pas du goût de tous les étudiants qui s’échinent à rappeler aux chauffeurs et leurs assistants de respecter les mesures de distanciation physique.

« Les étudiants qui ne veulent pas qu’on les serre n’ont qu’à descendent et emprunter le taxi à 1000 francs CFA. Ce n’est pas vous qui me mettez le carburant » ; « achetez vos véhicules. Ainsi donc, vous allez vous installer confortablement sans que l’on ne vous gêne »… répliquent les conducteurs. Outre les chauffeurs des cars qui foulent au pied les mesures de lutte contre le coronavirus, les taximen et conducteurs de motos ne sont pas en reste. Dans les taxis, l’on peut voir cinq élèves, et sur les motos trois voire quatre élèves sans masque. Si d’aucuns refusent catégoriquement d’appliquer les mesures gouvernementales qui proscrivent la surcharge, c’est parce que, disent-ils, la demande est forte. « On ne peut pas laisser les élèves. Ils sont pour la plupart pressés d’aller en cours. Beaucoup veulent à tout prix éviter les retards. Du coup, nous sommes obligés de les surcharger. Dans ces conditions, le respect strict des mesures de distanciation n’est pas possible », se justifie Paul, un conducteur de moto. L’incivisme qui continue de faire son chemin dans le milieu des transports inquiète. Notamment les parents, contraints d’interpeller leurs enfants sur les dangers que représente le coronavirus.

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