Succession à la chefferie Bangou : Le Premier ministre désavoue Atanga Nji

« Le Premier ministre me charge de vous demander de rapporter les termes de votre lettre de référence, qui ont pu être interprétés comme une partialité manifeste de l’administration dans un conflit de succession ouvert, pour la résolution duquel elle s’attèle pourtant à donner une réponse juste et pérenne ». Les termes utilisés par Séraphin Magloire Fouda, Secrétaire général des Services du Premier ministre, sont clairs pour exprimer le « non » de Joseph Dion Ngute, Premier ministre, au ministre de l’Administration territoriale (MINAT). Dans ce conflit de succession à la tête de la chefferie supérieure Bangou, alors que deux factions se disputent le trône royal, Paul Atanga Nji a pris faits et causes pour Arnaud Tchihou Tayo soutenu par l’honorable Théodore Datouo, député à l’Assemblée nationale. Au détriment de Maurice Gambou qui est soutenu par une frange de la population, avec à leur tête le prince Nana Sinkam.

Le 15 mars dernier, le MINAT qui suit le dossier depuis que les deux successeurs ont été « arrêtés » et introduits au La’kam le 29 janvier 2019, a donné son aval pour le fils du dernier chef, Marcel Tayo décédé le 16 novembre 2018. Et son installation annoncée pour le 21 mars 2022. En face, nul n’a capitulé. Une partie de la population a organisé des marches de contestations en annonçant vouloir installer Maurice Gambou par la force. Finalement, les deux chefs sont sortis du La’akam (phase d’initiation dans les Grassfields), mais aucun des deux n’a jusqu’ici occupé le trône royal.

Rien ne filtre du motif de la convocation de ce récidiviste déjà « sanctionné » en 2014
Le Pr Pascal Charlemagne Messanga Nyamding est attendu devant la commission de discipline du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) ce 13 avril 2022 à 10h. Dans la convocation signée de Peter Mafany Musonge, le président de cette commission en charge de traquer les brebis galeuses au sein du Parti au pouvoir au Cameroun, rien n’est dit sur ce qui est reproché à ce membre du Comité central du part de Paul Biya. C’est certainement séance tenante que l’enseignant d’université saura ce qu’il lui est reproché.

On sait cependant que depuis quelques temps, celui qui est connu de notoriété publique comme un libre-penseur, est devenu un invité permanent des plateaux de débat sur Equinoxe television. Autant que l’économiste Dieudonné Essomba répudié de Vision 4 television où il était consultant permanent de Club d’élites, une émission dominicale au cours de laquelle l’économiste s’était livré à une vive diatribe contre l’inertie du régime de Yaoundé. Suspendu, l’homme a aussitôt rejoint Equinoxe TV pour coaliser avec Messanga Nyamding pour dénoncer les tares du système. Chaîne de television qui est menacée de fermeture par le pouvoir qui l’accuse de déstabilisation du pays.

Le lien avec ses positions publiques est certainement étroit. Au cas où le natif du Nkam est reconnu coupable des faits qui lui seront reprochés, il est clair qu’il risque une exclusion qui peut être temporaire ou définitive. D’autant plus qu’il a déjà fait l’objet d’un blâme en 2014, après les élections municipales de 2013 qui l’ont vu s’afficher clairement contre le parti dans le Nkam, avec à la clé l’élection d’une équipe de l’Union pour la fraternité et la prospérité (UFP) d’Olivier Bilé à la tête de la mairie de Yabassi, alors que la liste RDPC était invalidée.

Guerre de libération du Cameroun

Le Premier ministre qui est convaincu que « l’escalade de violence observable ces derniers jours dans la localité […] imputable, à juste titre ou non, à la lettre querellée du 15 mars dernier». Alors, le Chef du gouvernement a décidé « de la mise sur pied sans délai d’une commission d’enquête administrative conduite par ses services et dédiée à l’examen des modalités de règlement définitif [de ce] conflit».

La crise nait du départ en exil de Paul Bernard Kemayou. Soutien de la lutte pour la libération du Cameroun, le chef Bangou, persécuté par l’armée française, s’est réfugié en Guinée, après avoir été destitué le 28 avril 1967 par l’administration française. Kemayou est remplacé par son frère consanguin Christophe Djomo qui régna 11 ans. Lorsqu’il décède en 1978, son fils Marcel Tayo lui succède et gouverne 39 ans. A sa mort le 17 octobre 1985, Sa majesté Kemayou fut inhumée au pays de Sekou Touré, sans que son village n’organise des obsèques officielles. Il faudra attendre le décès de Tayo pour engager la réconciliation de la famille royale. La commission dédiée à cet effet a échoué, d’où l’arrestation de deux chefs lors des obsèques officielles des deux chefs. Trois ans après, Bangou attend son chef. Le MINAT désavoué, le PM entre lui-même en scène.

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