Samuel Eto’o : « Revenir en équipe nationale ? pas question»

Le goleador des Lions indomptables était l’invité Afrique de Christophe Boisbouvier sur Rfi ce samedi matin.

Samuel Eto’o, est-ce que le Cameroun ne vit pas un passage à vide depuis sa victoire à la Can 217 ?
Non, nous sommes toujours champions d’Afrique. On n’a pas été qualifiés pour la Coupe du monde, mais on était dans une poule extrêmement difficile. Aujourd’hui, on a pris du temps pour trouver un sélectionneur qu’il convenait à cette équipe, et je suis plutôt content, parce que les dirigeants de notre pays ont porté un choix qui est non seulement sportif, mais qui va beaucoup plus loin que ça ; parce que, à mon avis, l’équipe nationale du Cameroun est la meilleure équipe au monde ; pour moi. Ils ont porté ce choix sur Clarence Seedorf et Patrick Kluivert. A cet effet, je suis plus que satisfait.
Seedorf et Kluivert sont de grandes stars du football néerlandais et mondial, mais ils n’ont pas ne grande expérience comme sélectionneurs ; est-ce que ce n’est pas plus un choix de prestige qu’un choix d’expérience ?
Je vais vous prendre un exemple : quand Guardiola arrive en 2009, il n’a pas encore entraîné une équipe de première division ; il a entraîné Barcelone B pendant huit mois et il le fait très bien. Il se retrouve en train d’entraîner le Barça. Clarence Seedorf, très jeune encore, a entraîné l’une des plus belles, si ce n’est la plus belle équipe au monde, le Milan Ac. Et ce n’est pas donné à tout le monde. Patrick Kluivert a été dans ce staff quii a entraîné la sélection néerlandaise en demi-finale de la Coupe du monde au Brésil. Ce sont de grands joueurs et ceux qui veulent faire croire qu’ils n’ont pas une certaine expérience en tant qu’entraîneurs, je dis, c’est du n’importe quoi.
Voilà plusieurs années que vous n’êtes plus dans cette sélection, êtes-vous prêt à y revenir pour la Can 2019 ?
Non, non, je ne reviendrais plus, même si je suis toujours en activité, pour plusieurs raisons : déjà, j’estime que, que ce soit Choupo-Moting, Aboubakar ou Clinton Njie, et d’autres, nous sommes bien couverts à ce poste. Et de l’autre côté, parce que je ne veux pas donner raisons à ceux qui souhaiteraient avoir une excuse pour pouvoir créer le désordre dans cette équipe. Il faut que mes jeunes frères puissent s’amuser, prendre plaisir, gagner cette Can qui se jouera au Cameroun en 2019.
Et si jamais Seedorf et Kluivert vous demandaient de revenir dans cette équipe, qu’est-ce que vous leur répondriez ?
Ah non ! Je ne reviendrais pas.
Ce sont des amis…
Ce sont des amis, oui, des aînés, mais je ne reviendrais pas. Je pourrais apporter mon aide autrement. Mais revenir en équipe nationale ? Pas question.
C’est grâce à vous que Seedorf et Kluivert sont arrivés au Cameroun ?
Si je vous dis qu’on ne m’a pas posé cette question, ce serait vous mentir. Et je me suis dit, qu’est-ce que je pouvais conseiller à mon pays ? A ce moment-là, il y a eu des discussions avec différents entraîneurs et ça n’aboutissait pas. A un moment donné, ils se sont retournés vers ces entraineurs et j’ai dit, c’est ce qu’il fallait à notre pays à tous les niveaux.
Vous êtes très proches de la direction de la Fécafoot ; vous les conseillez, vous les aidez à prendre des décisions ?
Je ne suis pas seulement proche de la direction de la Fécafoot mais je suis aussi proche des dirigeants de mon pays. Vous savez, la Fécafoot c’est une organisation privée, mais quand on parle de l’équipe nationale du Cameron, on parle du gouvernement camerounais qui est le garant de cette équipe nationale. Pour prendre une telle décision, il a fallu la décision du premier Camerounais ; et quand on a fait appel à moi, je ne pouvais pas ne pas apporter ma contribution.
Le président Biya vous a demandé qu’est-ce que vous en pensiez ?
Pas directement, mais oui.

« le Cameroun c’est une terre de paix, on aime vivre ensemble et je ne suis pas inquiet. Les matchs se joueront à Limbé »

Cette Can 2019, est-ce qu’elle aura vraiment lieu au Cameroun ?
Elle aura lieu au Cameroun. Si vous avez pu voir ces derniers jours le Cameroun est en train de fournir des efforts incroyables. Il est vrai que le président de la Caf, à un moment donné dans sa volonté de pousser l’Etat du Cameroun à aller beaucoup plus vite, avait fait une sortie médiatique. Et je dis merci parce que ça nous a tous réveillés. Aujourd’hui, si vous arrivez au Cameroun, il n’y a pas que les stades, parce que la Can apporte des infrastructures, des routes, une visibilité pour ce pays pendant un mois, et l’Etat du Cameroun est en train de bien faire. Merci à la Caf qui est a bien voulu faire confiance à notre pays.
N’empêche ; tout n’est pas prêt ; il y a encore des infrastructures qui manquent, notamment des stades…
Mais vous savez, tout n’est jamais prêt. Ce n’est pas qu’au Cameroun, et ce n’est pas qu’en Afrique. Vous savez, en 2014, la Fifa s’est posé la question ‘’est-ce que la Coupe du monde aura lieu finalement au Brésil ?’’ ; Parce que le Brésil n’était pas prêt. Mais finalement, le Brésil était présent. Ce sera pareil pour le Cameroun.
Comment se fait-il qu’à dix mois de cette Can, on ne connaisse pas toujours les dates précises de la compétition ?
Il ne me revient pas de répondre à cette question. La Caf est l’institution qui organise cette a Can, c’est à cette institution de nous situer à ce niveau.
Parmi les villes qui doivent accueillir la Can 2019, il y a Limbé dans le Sud-ouest anglophone, vu les violences politiques qui sévissent dans cette partie, est-ce que ce n’est pas inquiétant ?
On n’est pas inquiet. Vous savez, il est vrai, en ce moment le Cameroun connaît des tensions, mais je suis convaincu qu’on trouvera un terrain d’entente, parce que le Cameroun c’est une terre de paix, on aime vivre ensemble et je ne suis pas inquiet. Les matchs se joueront à Limbé, et Limbé c’est 45km de Douala où je suis installé. Et je ne suis pas inquiet par rapport à cela.
Qu’est-ce que vous pensez de ces tensions politiques ?
Ecoutez, je ne suis pas encore politicien. Mais mon souhait en tant que jeune Camerounais c’est que le Cameroun dans son intégralité retrouve la paix.
Samuel Eto’o, vous venez de passer trois ans dans le championnat turc, maintenant que c’est fini, où irez-vous ?
On ne sait pas encore. Je ne sais pas où aller. Je suis encore en train de regarder le marché. La chance que j’ai c’est que je peux signer à n’importe quel moment dans n’importe quel championnat. Je regarde les offres que j’ai et puis je prendrai ma décision dans les prochains jours.
On parle de vos dans le championnat de France, ce qui serait une première…
C’est un honneur, merci.
Vous confirmez donc ?
Si je disais que je ne parle pas avec certains clubs français, c’est vous mentir, vu qu’à travers mon avocat, je me suis exprimé en disant que j’étais ouvert à écouter les offres qui venaient de France. Et puis, déjà Nîmes dont je fais un petit coucou aux supporters. Le club Nîmes m’a directement tweeté sur la possibilité faire une cagnotte pour pouvoir payer mon salaire ; j’ai directement réagi pour demander si je pouvais participer. Et c’était vraiment bien, mais bon… On a des offres et on va voir ce qui convient bien pour la fin de ma carrière, et je ferais mon choix.
On parle de vous à l’Ogc Nice…
On verra bien.
Si vous venez en France, ce sera de toutes les façons en Ligue 1 ?
Ah oui, parce que même si Lens s’est manifesté, mon objectif premier est de jouer en première division.
A 37 ans ce n’est pas facile de continuer au poste d’attaquant, mais vous y tenez et vous vous accrochez…
Je crois plutôt que c’est difficile pour les défenseurs. Moi je sais marquer des buts, c’est ce que j’ai fait toute ma vie, et c’est ce que je vais continuer à faire. C’est plutôt difficile pour les défenseurs parce qu’à un moment donné, vous n’avez plus cette vitesse-là, mais moi, même si je n’ai pas ma vitesse de 20 ans, je garde toujours une bonne vitesse et en plus, avec l’expérience, je comble toujours ça.
Qu’est-ce que vous pensez du championnat de France par rapport aux autres championnats que vous avez connus ?
Il devient de plus en plus important, très important même, mais pour qu’il soit au même niveau que les autres, je crois qu’il faut que l’une des équipes de ce championnat, que ce soit l’Om, Lyon ou Paris, puisse gagner la Champion’s league.
Donc on vous verra peut-être dans l’un de ces trois clubs ?
Ça ne dépend pas que de moi.
Mais ça vous tente ?
Moi ce que je veux c’est de continuer à jouer au football ; jouer deux saisons encore et puis arrêter ma carrière et commencer une nouvelle vie.
Samuel Eto’o au Psg ?
Je suis déjà supporter du Psg ; je ne sais pas si ça se fera avant la fin de ma carrière. Mais le plus important pour moi c’est de continuer à jouer, de continuer à marquer des buts et de prendre plaisir.
Le 1er avril dernier Jeune Afrique a publié une interview de vous dans laquelle vous annonciez votre candidature à la présidence du Cameroun, c’était un poisson d’avril mais est-ce que vous pensez à la politique ?
Chacun de nous à son niveau fait de la politique, mais il y a une certaine politique que je ne touche pas, ça ne m’intéresse pas, mais il est vrai que je fais la politique à mon niveau. Et chacun de nous d’ailleurs ; mais je n’ai jamais imaginé d’avoir une carrière politique. Ça ne m’intéresse pas.
Oui mais il y a Georges Weah…
Georges Weah c’est Georges Weah, moi c’est Samuel Eto’o. Il est vrai que le président Georges Weah a une brillante carrière sportive, après il s’est lancé dans la politique mais ce n’est pas le souhait de tout le monde.
Samuel Eto’o, vous avez envie de jouer en France dans les prochains mois ?
Moi je veux jouer au football. J’ai connu les trois autres grands championnats, je n’ai pas connu le championnat français. Mais je ne suis pas non plus obsédé à vouloir jouer en France. Si cela se fait, ce sera quelque chose de bien, si cela ne se fait pas, je continuerai à être heureux et à supporter mon Paris saint germain.
Mais on sent qu’avant la fin de votre carrière, vous avez envie de jouer en France.
Pour nous Camerounais, Africains et Francophones, la France est un pays de référence. A chaque fois que quelqu’un dit ‘’je vais en France’’, la première pensée c’est sur la France. Et plus jeune, c’était un rêve d’évoluer en France. Cela ne s’est pas fait, mais grâce au bon Dieu et à tous les coéquipiers que j’ai pu avoir jusqu’à présent, j’ai eu une carrière exceptionnelle. Si cette occasion se présente, je serai là et je serai toujours heureux.
Et jouer, pourquoi pas, avec Mbappe au Psg ?
J’espère qu’il sera le prochain ballon d’or.
Samuel Eto’o, merci.

Source: Rfi

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