Repentance : Samuel Eto’o, « l’apôtre Paul » des Lions indomptables ?

L’histoire paraît peut-être forcée, mais au-delà de la polémique sur le caractère fondé ou non de l’histoire racontée par la bible, le rapprochement entre le personnage de Saul devenu Paul et Samuel Eto’o mérite son pesant d’or. La bible rapporte que Saul fut un ennemi juré des disciples de Jésus qu’il persécutait à longueurs de journées. Au service des grands prêtres qui ne croyaient pas que Jésus était le « messie annoncé », Saul les aidait dans leur quête d’épuration du temple de Dieu. Eux qui ne croyaient pas en Jésus comme l’envoyé, le fils de Dieu, persécutait ses disciples. L’homme reçut même des grands prêtres de pouvoir ligoter les apôtres de Jésus avant de les ramener à ces derniers afin qu’ils soient châtiés. C’est sur son chemin que le Christ l’intercepta et lui demanda : « Saul Saul, pourquoi me persécutes-tu ? », rapporte les Acte des apôtres, chapitre 9, verset 4. Et Saul de répondre : « qui es-tu Seigneur ? et le Seigneur lui répondit : je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons », selon le verset 5 du même chapitre. La bible dit par la suite : « Tremblant et saisi d’effroi, il dit : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? ». A en croire le saint livre des chrétiens, Jésus Christ rendit aveugle Saul, non sans lui annoncer qu’il sera désormais son serviteur. « Lève-toi, entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire », apprend-on du verset 6. La suite est une transformation de celui qui n’avait de cesse de persécuter les apôtres de Jésus une fois le « Fils de l’homme » mort. Au point que l’homme « né de nouveau » devint Paul, pour jouer sa partition dans la vulgarisation de la « parole de Dieu », selon les enseignements de la bible.

Le « je » dans le 1984

Dans ce registre, Samuel Eto’o peut se retrouver. Dans le discours que le président de la Fécafoot tient dans les vestiaires du stade Benjamin Mkapa de Dar Es Salam en Tanzanie après la victoire au goût de défaite des Lions indomptables face aux Hirondelles du Burundi, l’ancien capitaine des Lions indomptables déclare : « Personne n’a sa place assurée dans cette équipe. Celui qui veut porter le maillot du Cameroun, il fait son job quand il est dans cette équipe. Sinon il ne vient pas et je serais content. Je jouerais avec des enfants », a-t-il prévenu. Et de fait, le « je » que l’orateur utilise ne relève pas d’un lapsus. Samuel Eto’o a toujours eu le pouvoir dans la tanière des Lions indomptables. Lui-même l’a avoué lorsqu’il venait de devenir le capitaine des Lions indomptables : « même sans être capitaine, je décidais déjà dans cette sélection », a-t-il lâché un jour en conférence de presse. Confirmant ce que lui reprochaient déjà la presse et ses coéquipiers en son temps. Lui qui faisait partie de ce que la presse de sport avait baptisé le « 1984 », correspondant aux numéros des leaders qui décidaient de la marche de la sélection (Idriss Carlos Kameni, Samuel Eto’o, Gérémi Njitap et Rigobert Song) dans les années 2000. Les trois derniers étant capitaine et vice-capitaines dans l’ordre décroissant ; le premier en étant le gardien principal. Et lorsque les deux autres capitaines quittèrent la sélection dans un climat de guerre ouverte entre Rigobert Song et Samuel Eto’o, ce dernier multiplia les grèves, mouvements d’humeur et autres actes qui pourrissaient l’ambiance dans la tanière. Atteignant leur apogée à l’occasion de la Coupe du monde 2014. Après avoir refusé de prendre l’étendard national que le Premier ministre était dépêché par le président de la République pour leur remettre au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, les Lions indomptables entamaient une grève, exigeant le paiement de leurs primes avant le décollage de l’avion. Déjouant la presse internationale qui les attendait à Vitoria au Brésil. Les deux Coupes du monde jouées sous le magistère du successeur de Rigobert Song Bahanag, restent les pires participations du Cameroun. Dans un contexte où la tanière était en lambeaux. Le capitaine qui avait déjà mené une fronde à Marrakech en 2011, aura ainsi été un élément déstabilisateur de la sélection pendant de longues années.

Combat vers le sommet

Syndicaliste révolutionnaire

L’Allemand Volker Fonke fut obligé de prendre le drapeau national refusé par Samuel Eto’o

Mais au-delà des débats sur la pertinence ou non des griefs que le joueur le plus capé de l’histoire des Lions indomptables soulevait, il reste que l’homme a toujours été un syndicaliste pour la cause commune. Et son arrivée à la tête de la Fécafoot est la consécration d’un combat de longue haleine. Hier déstabilisateur, aujourd’hui Samuel Eto’o semble être né de nouveau aux yeux de l’opinion, et veut être le bâtisseur d’une équipe nationale du Cameroun qui redonne sens au qualificatif de son nom.

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