Remise des peines : pourquoi Paul Biya a pensé aux condamnés

Coronavirus, émeutes de Kondengui, désengorgement des prisons, restauration de l’Etat de droit et réponse à l’appel de la communauté internationale semblent être les motifs qui ont poussé le président de la République à décider de la remise des peines de certains prisonniers.

Dans ses prérogatives de président du Conseil supérieur de la magistrature, le président de la République a signé mercredi dernier un décret portant commutation et remise des peines de certains prisonniers. Cette décision qui a été saluée par les défenseurs des droits de l’Homme, qui félicite « une avancée des droits de l’Homme au Cameroun », semble être justifiée par certains mobiles.

Le coronavirus

Le 13 avril dernier, une manifestation a failli secouer la prison centrale de Kondengui. Le mouvement est parti d’une rumeur qui annonçait la présence de plusieurs malades du Covid-19 au sein de ce pénitencier. Les deux cas suspects ont été évacués sans un test qui confirme leur statut sérologique. Au regard de l’actualité largement dominée par la montée sans cesse des cas de cette pandémie au Cameroun, les autorités craindraient selon certains avis, que les prisons du Cameroun se transforment en foyer de propagation de la maladie.

La décongestion des prisons

Dans une récente déclaration, la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU Michelle Bachelet a appelé à la libération des détenus à travers le monde pour éviter que la pandémie de Covid-19 ne fasse des ravages dans les prisons, réputée pour leur surpopulation carcérale.  Selon des statistiques récentes, le Cameroun compte près de 31.000 prisonniers. Une population carcérale qui va croissant dans un contexte où « les conditions de détention sont favorables à la propagation de l’épidémie ». Les ONG des droits de l’Homme qui n’ont eu de cesse d’appeler à la décongestion des prisons déplorent par exemple que la prison de Kondengui accueille plus de trois fois la population prévue lors de sa construction.

La restauration de l’Etat de droit

Le Cameroun est depuis longtemps la cible des critiques des ONG des droits de l’Homme. Au sujet des prisons, ces ONG accusent le pays de Paul Biya de ne pas respecter les conditions de détention des prisonniers, notamment la Convention relative au traitement des prisonniers. C’est en réponse à ces critiques, ainsi qu’en témoignent certains avis, que le président de la République a signé le décret de mercredi dernier.  Selon Onambele Balla défenseur des droits de l’Homme « le décret de Paul Biya est à saluer, car il permettra de restaurer l’Etat de droit dans une certaine mesure ».

L’appel de la communauté internationale

« Les gouvernements et les autorités compétentes doivent travailler rapidement pour réduire le nombre de personnes en détention en libérant, par exemple, les détenus les plus âgés et les malades, ainsi que les délinquants présentant un risque faible, » avait déclaré Michel Bachelet la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU. A sa suite, Maximilienne Ngo Mbé, directrice du Réseau des défenseurs des droits de l’Homme en Afrique centrale (Rhedac), a écrit aux chefs d’État de l’Afrique centrale, dont le Cameroun pour demander à son tour la libération de certains prisonniers.

Joseph Essama

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