Production du riz : les clés de l’autosuffisance

Les acteurs de la filière, en accord avec le gouvernement, ont défini des mesures à prendre allant de la recherche à la production  en passant par la transformation ; pour atteindre les 750 000 tonnes de production locale en 2030.

Selon les données de l’institut national de la statistique, le riz représente pour le premier semestre 2021,  5% de l’enveloppe globale des importations du pays chiffrés à 1 824 milliards de FCFA pour 5,07.En réalité, 75% du riz consommé au Cameroun est importé. Ce qui coûte  cher en devises. Sur les trois dernières années, selon la même source,  les importations ont été évaluées à 2 04 millions de tonnes pour 736 milliards de FCFA.  C’est fort de ce constat que la filière est classée parmi les priorités dans la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030. L’objectif fixé par la SND30, est d’atteindre 750 000 tonnes de riz en 2030 produits au Cameroun.  Actuellement, selon le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (Minader),  le déficit est évalué à 450 000 tonnes par an pour une production estimée à 270 000 tonnes pour le riz paddy (Non décortiqué). Comment combler ce déficit et renoncer à l’importation ? Les acteurs de la filière ont donné leurs recommandations lors d’une concertation présidée à Douala par le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, Paul Tassong.  Des recommandations qui répondent aux contraintes de la filière.

Parmi les principales contraintes listées, il y a la faible mécanisation le long de la chaine de valeur ;  la faible organisation structurelle des acteurs de la filière ; la vétusté de l’outil de production entrainant un faible niveau de production ;  les difficultés d’accès au crédit ; la faible capacité de transformation du riz paddy en riz blanc ;  les difficultés d’accès à l’énergie et au système moderne d’irrigation ; le faible niveau de performance des entreprises publiques de production etc.

Principales mesures à prendre pour renforcer la production

Les acteurs de la filière ont souhaité que des actions soient menées par le gouvernement au niveau de la recherche, de la production, de la transformation et de la commercialisation. Au niveau de la recherche, il serait question d’intensifier les recherches sur les nouvelles variétés. Au niveau de la production, accompagner la mise en conformité de l’interprofession de la filière à la loi du 16 décembre 2021 régissant les organisations interprofessionnelles du Cameroun ; aménager les terres rizicoles pour les producteurs organisés ; mettre en place des contrats de performance avec les structures de production et de transformation du riz. S’agissant de la transformation, faciliter l’acquisition du matériel agricole; mettre en place des structures d’encadrement,  faciliter l’accès des producteurs aux équipements adaptés à la transformation (décortiqueuse, mini moissonneuse, mini batteuse). Enfin, sur la question de la commercialisation, les participants à la concertation ont proposé de prioriser le riz local dans la consommation.

La  mise en œuvre de ces recommandations est présentée comme la clé pour booster la production locale de cette céréale. Et, le Cameroun semble avoir des prédispositions naturelles pour atteindre les objectifs fixés. Selon le Minader, le riz est cultivé dans toutes les dix régions du pays réparti en 15 grands bassins de production. Les rendements actuels se chiffrent à  2,23 tonnes par hectare en moyenne sur les cinq dernières années et 10% de pertes post récoltes. Le gouvernement ambitionne d’atteindre une production de 450 000 tonnes de riz blanc en 2025 et 750 000tonnes en 2030. Pour le riz irrigué 35 000 hectares de terres ont été aménagées à travers cinq projets actuels. L’objectif étant d’atteindre 60 000 hectares, le gap actuel s’établit à 15 000 hectares.  Pour le riz pluvial, l’objectif est d’atteindre 200 000 hectares aménagés en 4 ans, soit un gap de 100 000 hectares à raison de 5000 hectares d’aménagement par an. Les rendements projetés sont de 2,8 tonnes à l’hectare en 2025 contre 2,0 tonnes actuels et 3,5 tonnes en 2030 pour le riz pluvial de plateau. Pour le riz pluvial de bas fond, l’objectif est de passer de 4,5 tonnes à l’hectare actuellement à 6,5 tonnes en 2030 tandis que le riz irrigué est projeté à 7,0 tonnes, contre 5,0 tonnes actuels par hectare.

Les besoins en financement

Pour atteindre l’objectif de 750 000 tonnes en 2030, les investissements cumulés selon les données du Minader représentent 742 milliards de FCFA dans lesquelles les aménagements sont évalués 575 milliards de FCFA.  L’ensemble des investissements déjà mobilisés est estimé à 357 milliards de FCFA. Pour combler ce gap, il est nécessaire de disposer de 385 milliards de FCFA répartis comme suit : 77% pour l’aménagement et infrastructures, soit 296 milliards de FCFA ; 15% commercialisation soit 30,8 milliards de FCFA. En 2030, la valeur d’importation cumulée est estimée à 1500 milliards de FCFA si aucune action n’est menée dans la filière. Si les 385 milliards de FCFA sont mobilisés,  la valeur cumulée de la production sera évaluée à 1200 milliards de FCFA. Soit un gain de 300 milliards de FCFA pour 43 milliards de FCFA par an.

Les questions liées à  la fiscalité et au foncier ont également été évoquées à cœur ouvert lors de cette rencontre.  Pour les 7 filières qui étaient concernées dont le riz, les acteurs  ont arrêté avec le gouvernement qu’il faut la mise en place d’une fiscalité adaptée aux zones économiques susceptibles d’attirer les investissements ;  une fiscalité appropriée selon la taille des entreprises. Pour la question d’accès à la terre, le gouvernement devra simplifier les procédures foncières d’accès au foncier ; rendre rigoureuse l’administration foncière pour éviter les double-ventes des espaces fonciers ; rendre le cadre législatif et réglementaire relatif à l’accès à la terre favorable aux producteurs de moyenne et de grande importance.

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