Le Conseil constitutionnel a déclaré Paul Biya vainqueur de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, par un score de 53,66%, contre 35,19% pour Issa Tchiroma Bakary. Dans un contexte marqué par l’absence des leaders de poids qui ont par le passé affronté le candidat sortant, notamment Ni John Fru Ndi du SDF en 1992, 2004 et 2011 ; et Maurice Kamto en 2018, Paul Biya s’est retrouvé face à son ancien allié de la coalition gouvernementale, Issa Tchiroma qui a démissionné du gouvernement trois mois seulement avant le scrutin. L’homme qui s’était taillé une camisole de défenseur patenté du pouvoir en place, a surpris l’opinion nationale et internationale, en devenant l’alternative pour l’alternance au sommet de l’Etat.
Et au-delà des résultats que continue de contester le second qui s’était déjà autoproclamé vainqueur avant même la publication officielle des résultats, Paul Biya qui a marqué un net recul à cet autre rendez-vous, a davantage perdu du terrain dans un Grand-Nord qui lui a toujours offert gracieusement les clés du palais d’Etoudi. Les trois régions septentrionales qui avaient presqu’unanimement soutenu et accompagné Paul Biya depuis 1997, totalisaient 2 603 077 électeurs sur les 7 818 822 que comptait le fichier électoral national. 1 345 812 électeurs ont émis des suffrages valablement exprimés. Paul Biya en a récolté globalement 563 658, derrière Issa Tchiroma (592 764 voix).
En 2011, le Grand-Nord pesa 42,70% dans la victoire de Paul Biya. L’homme du Renouveau avait remporté l’élection dans les trois régions, soit 86,15% des voix dans l’Adamaoua, 90,15% dans l’Extrême-Nord et 77,98% dans le Nord. En 2018, Paul Biya a fait mieux. La partie septentrionale du pays a pesé de 47,5% des voix sur l’élection de l’homme, sur les 71,28% des voix qu’il a eues. Dans le détail, Paul Biya a récolté 89,21% des voix dans l’Extrême-Nord, 79,77% dans l’Adamaoua et 81,62% dans le Nord. Mais en valeur absolue, Paul Biya avait récolté dans les trois régions septentrionales 1 199 507 voix sur les 2 521 934 voix obtenues sur l’ensemble du territoire national. Soit un peu moins que celle de 2011 qui l’a bénéficier des voix de 1 610 997 Nordistes sur les 3 772 527 voix nationales. Cette année encore, Paul Biya a davantage chuté dans le Septentrion. Une chute presque libre, tant l’homme n’avait jamais perdu autant la confiance des électeurs. Avec seulement l’Extrême-Nord qui lui est restée favorable (45% des voix contre 42,34% pour Tchiroma), mais elle aussi avec une marge très faible face à un Issa Tchiroma qui n’était pas le plus attendu, en termes de côte de popularité, si l’on ne s’en tenait qu’à la représentativité dans les institutions, et même en terme d’implantation territoriale de son parti. Le candidat du Fsnc a remporté le scrutin dans l’Adamaoua (50,33% contre 34,61%) et dans le Nord (avec 43,51% contre 38,78% pour Pau Biya).
Il est clair que la confiance entre l’ancien grand bénéficiaire des voix du Grand-Nord s’effrite dans cette partie du pays sans cesse, au fil des échéances. En 2018 déjà lors de son meeting à Maroua, Robert Bakary, le délégué du gouvernent auprès de la communauté urbaine de Maroua, s’était abstenu de soumettre des doléances au président candidat ; autant que Cavaye Yeguie Djibril le président de l’Assemblée nationale et chef de la commission régionale de campagne du Rdpc le parti au pouvoir. Certains analystes avaient compris que les relais locaux de Paul Biya avaient évité d’embarrasser le président dans un contexte où les anciennes doléances n’avaient pas eu de suite favorables, du moins en actes concrets. Et de fait, le Grand-Nord sombre dans une pauvreté qui ne recule pas depuis de longues années ; les projets et programmes gouvernementaux engagés dans cette partie du pays, peinent à être exécutés ; et même les promesses autrefois faites au Grand-Nord ne sont que rarement tenues. Dans ce dossier, la rédaction scrute sous le prisme des chiffres et des actes vérifiés et démontrables, les possibles et probables causes de la perte de confiance entre Paul Biya et le Grand-Nord.







