Le Cameroun a rendez-vous avec l’histoire. L’élection du président de la République est prévue demain. Le corps électoral est convoqué pour élire le successeur de Paul Biya. En tout, ce sont 8 010 464 électeurs dont 3 716 567 femmes et 4 293 897 hommes qui sont ainsi convoqués dans les urnes parmi lesquels 34 411 électeurs établis à l’étranger, répartis dans 31 653 bureaux de vote créés sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger (108 dans 36 pays de tous les continents), pour départager 12 candidats dont une seule femme, Patricia Tomaïno Ndam Njoya. Après la confirmation des listes le 3 août dernier par le Conseil constitutionnel, Caxton Ateki du Parti de l’Alliance libérale (PAL) et Akéré Muna du parti Univers se sont ralliés à Bello Bouba Maïgari de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) ; mais le ministre de l’Administration territoriale (Minat) a rappelé que tous les 12 candidats retenus demeurent en course. En indiquant que les désistements devaient se faire avant l’impression des bulletins de vote. Alors les bulletins des 12 candidats officiels seront présents dans tous les bureaux de vote, et valablement comptés.
Transition
Paul Biya, président sortant, est candidat à sa propre succession, pour un 8ème mandat consécutif. Agé de 92 ans dont 43 passés à la tête de l’Etat, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) va challenger 11 candidats dont trois seulement l’ont déjà affronté chacun une fois : Bello Bouba Maïgari (en 1992), Serge Espoir Matomba et Cabral Libii (en 2018). C’est une élection qui devrait marquer la transition. Si le président sortant refuse de prendre sa retraite, il reste qu’une victoire devrait lui ouvrir le couloir vers cette sortie. En face, des candidats de diverses générations : Issa Tchiroma du Front pour le Salut national du Cameroun (Fsnc) et Bello Bouba, et dans une certaine mesure Pierre Kwémo, sont de vieux routiers de la scène politique nationale, qui ont fait leurs preuves notamment au cours des années de braise, qui ont vu le retour du pluralisme politique. Ces derniers, notamment Tchiroma et Bello, semblent mieux placés pour affronter efficacement le président sortant avec qui ils ont cheminé dans le même train une trentaine d’années, dans le cadre d’alliances gouvernementales qui leur ont permis de faire partie de divers gouvernements, jusqu’à mai dernier pour Issa Tchiroma et certainement peu après cette période-là pour Bello Bouba. Une victoire de l’un comme de l’autre, lui offrirait un mandat unique de transition, comme ils le clament tous les deux. Mandat au cours duquel des réformes générales sont annoncées.




Mais il y a une jeune garde particulièrement engagée, avec notamment Cabral Libii du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) et Serges Espoir Matomba du Peuple uni pour la rénovation sociale (Purs), député pour le premier et conseiller municipal pour le second, qui se sont déjà essayés à la présidentielle. Le président du Pcrn était 3ème en 2018 avec un score de 6,28% (218 834 voix) ; Matomba (1%), lui, avait terminé en 7ème position avec un score de 1% (34 106 voix). En cas de victoire d’un candidat jeune, ce serait le choix de la « rupture » opéré par les électeurs. Et donc la mise à la retraite des vieux routiers. Le choix est aux électeurs qui sont appelés dans les urnes ce 12 octobre de 8h à 18h.