Pourquoi la viande de bœuf coûte cher

Produite en quantité suffisante pour la consommation, les prix de cette denrée se sont envolés à cause de plusieurs facteurs.

Le contraste est palpable. Malgré l’abondance de la viande du bœuf sur les marchés, les prix de cette denrée demeurent hors de portée. Le Kilogramme de bœuf est passé de 2800 francs CFA (prix homologué par le ministère du Commerce) à 3000 francs CFA dans certains marchés voire plus pour la viande de bœuf sans os et de 2400 (prix homologué par le ministère du Commerce) à 2800 francs CFA pour la viande avec os.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène. Selon les éleveurs, la cherté du produit à l’échelle nationale est une conséquence de l’abandon de l’activité de l’élevage, précisément dans la région de l’Adamaoua, le plus grand bassin de production du pays. Cette région en proie à l’insécurité, a contraint plusieurs bergers à plier bagages. « Les bergers sont enlevés dans la brousse contre de fortes rançons. Les éleveurs sont obligés parfois de liquider leurs troupeaux et libérer les leurs à hauteur de millions. Ils font faillite. Après cela, ils abandonnent l’élevage et se lancent dans d’autres activités », affirme le Dr Chetima, technicien vétérinaire du centre zootechnique d’Etoudi. Une situation qui contraint le Cameroun à se ravitailler dans les pays voisins, notamment au Tchad et au Soudan. Ce qui induit directement d’autres couts comme le transport.

A ce facteur s’ajoute, l’absence de financements pour permettre aux bouchers de s’autonomiser. Dans la ville de Yaoundé par exemple la plupart des bouchers fonctionnent à crédit. « Les bouchers n’ont pas de capital. Ils vivent à crédit. Ils viennent prendre les bêtes auprès des commerçants, ils livrent à ceux qui font le soya, aux femmes qui préparent et autres. En fin de journée, ils doivent collecter l’argent et remettre aux bergers pour avoir à nouveau des bœufs. L’Etat doit subventionner ce secteur », analyse le Dr Chetima dans les colonnes du quotidien Le Jour lundi dernier, cité par Investir au Cameroun.

Pourtant, « Il n’y a pas pénurie de bœufs. On reçoit environ 5000 bœufs par semaine ici. Avec la CAN, les animaux ne peuvent pas être conduits au pâturage. On a du mal à les contenir ». Une affirmation également reprise par le délégué régional de l’Association nationale des commerçants à bétail du Cameroun (Ancbc), Haman Mamadou. « Je tiens des registres de toutes les entrées des camions. Au mois de décembre, nous avons atteint 128 camions en une semaine, à raison de 30 bêtes en moyenne. En ce début d’année, nous avons eu 106 camions en une semaine », relève-t-il. Même si les quantités ont relativement baissé entre la fin du quatrième trimestre 2021 et le début du premier trimestre 2022, elles sont suffisantes pour satisfaire la demande des consommateurs de Yaoundé.

La filière bovine doit enregistrer un accroissement de sa production dans les prochains jours, grâce au Projet de développement des chaînes de valeur de l’élevage et de la pisciculture (PDCVEP). Lancé par le gouvernement l’année dernière et financé à hauteur de 65 milliards de FCFA sur les cinq prochaines années, ce projet va permettre l’accroissement compétitif et hygiénique des produits bovins, porcins et piscicoles et l’amélioration des revenus des acteurs ainsi que la création de nouveaux emplois dans les trois chaînes de valeur que sont la filière bovine, la filière porcine et la filière piscicole.

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