PME : La structuration par filière comme facilité d’accès au financement

A l’occasion  de la cinquième édition de PMEXchange tenue à Douala, les acteurs du secteur bancaire ont présenté les diverses opportunités de financement pour les PME camerounaises qui vont de l’acquisition des intrants, matériels agricoles aux infrastructures de stockage.  

Pour le groupement patronal les Entreprises du Cameroun ( Ecam),  l’organisation des PME par filières est un enjeu majeur. Ecam qui est d’ailleurs en train de développer un programme pour accompagner les entreprises à s’organiser par filières, a mis le sujet au centre de la cinquième édition de PMEXchange. Ce forum qui réunit les TPE, PME et start up a donné lieu le 14 mars dernier à des prises de parole de divers acteurs du secteur bancaire qui ont longuement échangé sur la question du regroupement par filières.  

Quelles opportunités de financement

De l’avis de plusieurs experts, se regrouper par filières est bénéfique à plusieurs titres  pour les PME camerounaises.  Déjà, c’est une opportunité pour les PME  qui peuvent à date bénéficier des facilités du gouvernement dans le cadre de la promotion de la politique d’import substitution, mais aussi  au vu du marché local  du crédit relève Eric Ngah Eloundou. « Lorsqu’on fait le rapport entre le crédit bancaire et le PIB au Cameroun, nous sommes à 22%. La moyenne pour les pays qui aspirent à l’émergence c’est 60% et si on fait un calcul rapide par rapport au volume de crédit distribué actuellement,  on a un gap d’environ 10000 milliards de crédit bancaire à combler. Et si on prend le taux de  crédit bancaire d’une année à l’autre,  c’est à peine 200  à 300 milliards chaque année. ». Bien plus, l’expert financier fait observer que le tissu productif national reste à conquérir par les entreprises locales. On note une contribution de 56% pour les étrangers, 31% pour l’Etat et  seulement 14% pour les privés nationaux.  Les PME ont donc des chiffres d’affaires certains à faire. Or, capter ces parts de marché serait plus facile collectivement, d’une filière à une autre. Car, plusieurs PME du même secteur d’activités peuvent fusionner leurs ressources  et ainsi alléger le poids des procédures d’obtention d’un crédit par exemple. « Individuellement lorsqu’on a seulement 1 ou un demi hectare il est difficile d’avoir accès au financement », souligne Christelle Dikoume, d’Ecobank Cameroon.

Les acteurs financiers présents au forum reconnaissent aussi le bénéfice pour eux de financer les PME lorsqu’elles forment un bloc.  Les banquiers reconnaissent qu’à travers la syndication bancaire,  ils disposent de plusieurs données d’analyse. La taille du marché par exemple ainsi que les besoins du secteur. Ce qui est difficile à  rassembler lorsque les entités évoluent individuellement.    C’est  aussi une facilité dans les formalités, que d’avoir un groupe d’entreprises, souligne,  Ernest Pouhe de la société de bourse ASCA.du groupe Attijariwafa. « Il est plus facile lorsque les PME sont  organisées en GIC etc par ce qu’on ne peut pas signer un contrat avec chacun des 1000 planteurs par exemple », indique-t-il.  

S’agissant des mécanismes de financement, deux options sont présentées. Des mécanismes internes et externes.  Afriland  First Bank qui fait recours à ces différents mécanismes, revendique à ce jour un volume de crédit  de  48 000  milliards  en faveur des PME.  Soit 27% du volume de financement des entreprises, indique Prince Foulefack du groupe Afriland.

Le cas de la filière manioc et cacao

Par ce qu’elles sont parmi les filières les mieux structurées, ces deux secteurs bénéficient de plusieurs produits financiers. Et les chiffres sont clairement dégagés.

Pour la filière cacao,  qui contribue à 1 % du PIB national et 8% du PIB agricole, ceux qui ne disposent pas de financement contribuent à hauteur de 34% de la production. 90% de  la production, selon Viviane Mvondo proviennent des petits et moyens planteurs.  La production du manioc au Cameroun est estimée à 4,5 millions de tonnes. Plus de 40% de la production agricole nationale.  Les besoins de financement  concernent l’acquisition d’intrants,  et d’équipements  légers pour la production, les outils de maintenance aussi.  Si les fonds sont mobilisés, la capacité de production actuelle de 14 tonnes l’hectare pourrait passer à la hausse . Il y a aussi le besoin de financement des équipements de récolte, d’achat des infrastructures de stockage et de conservation aussi afin de réduire les pertes post récoltes, de même que le financement des opérations de commerce international.

Le regroupement par filières est aussi présenté comme un moyen de véritablement accompagner les chaînes de valeurs.  C’est-à-dire des exploitations agricoles aux  grossistes détaillants aux exportateurs. Il est aussi question de développer des filières transversales, comme le transport et la logistique pour la distribution des produits ou l’économie numérique pour la visibilité de ceux-ci. Pour y arriver, les banques  devront  faire face à certaines difficultés. Notamment les difficultés pour avoir les chiffres sur la taille de marché, la maîtrise de coût et  des risques  et l’éternel problème de recouvrement.  Ecam entend jouer le facilitateur.

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