Depuis plusieurs années, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), a déployé une stratégie multiforme d’accompagnement des organisations de l’économie sociale (OES), à travers des programmes spécifiques, souvent mis en œuvre en partenariat. L’un des dispositifs phares cités par l’expert est le Projet de Développement des Chaînes de Valeurs Agricoles (PD-CVA), qui vise notamment à renforcer la gouvernance des organisations paysannes. Aussi, à soutenir l’émergence de coopératives crédibles orientées vers l’agriculture commerciale.
« Le PD-CVA cible plus de 200 organisations de producteurs, 1500 jeunes diplômés et une cinquantaine de PME agricoles, tout en touchant indirectement jusqu’à 200 000 petits producteurs dans la filière banane plantain », a précisé l’ingénieur agronome Marcel Armand Moukend Mandjoum, dans sa présentation sur les états des lieux de l’offre en renforcement des compétences des acteurs de l’Économie Sociale. Les filières palmier à huile, ananas et bananier plantain bénéficient également d’un accompagnement structuré, incluant les collecteurs et les célèbres Bayam Sellam des marchés urbains.
L’appui du Minader va bien au-delà de la formation technique. Il s’étend à la facilitation de l’accès au financement, notamment par des initiatives de microfinance rurale, des fonds de garantie ou des mises en relation avec des dispositifs coopératifs durables. Grâce à cette approche intégrée, des milliers d’organisations agricoles ont pu être bancarisées et stabilisées économiquement. Les résultats sont tangibles. Selon les données présentées, plus de 15 000 organisations de producteurs ont été formées à la gestion, la gouvernance, l’élaboration de plans d’affaires et la comptabilité simplifiée. Des modules de formation spécifiques aux filières locales ont été conçus, et des centres de services agricoles de proximité ont vu le jour.
En parallèle, le ministère a facilité la formalisation juridique de nombreuses OES, leur permettant d’accéder au crédit, à la commande publique et aux soutiens des partenaires au développement. Des réseaux de producteurs se sont constitués autour des bassins de production et des filières stratégiques, contribuant à la structuration du tissu agropastoral camerounais.
Les impacts sur le terrain sont également mesurables : hausse de la productivité agricole (jusqu’à 50 % dans certaines filières selon les rapports d’ACEFA), amélioration des revenus des ménages, mais surtout montée en compétences et autonomie des acteurs. « Les OES savent désormais planifier, négocier, et défendre leurs intérêts dans les politiques locales », a souligné l’intervenant. Cette dynamique, impulsée par l’État mais portée par les communautés rurales elles-mêmes, offre une illustration concrète du potentiel de l’économie sociale comme moteur de résilience, d’inclusion et de croissance durable dans les territoires.