Montée du tribalisme : à qui profite le « crime » ?

 

 

L’unité du Cameroun s’effrite gravement. Et alors que le pays tente de survivre à ses grands maux notamment le népotisme, le clientélisme, la corruption et les détournements de deniers publics, le tribalisme, considéré comme le cancer le plus dangereux pour la cohésion nationale s’est ajouté à la liste et ne cesse de gagner du terrain. La gangrène se répand en effet à travers des groupes ethniques qui se cristallisent et se constituent en « systèmes idéologiques d’autodéfense ». Le drame, c’est que de nombreux acteurs du milieu sociopolitique du pays, en véritable « bactéries suceuses de sang » semblent se nourrir de la situation. « La monté en puissance de la haine dans les discours à caractère tribaliste profite forcément à ceux qui instrumentalisent le peuple. Ce sont assurément les élites politiques et économiques, les élites traditionnelles, religieuses et les acteurs centraux de pouvoir en place », tranche sous anonymat, un doctorant en science politique. « Dans un contexte de crise favorisé par la situation sociopolitique dans les régions anglophones, certains acteurs sont dans une posture de positionnement : vis-à-vis de l’Exécutif à qui on veut prouver son soutien ; vis-à-vis des prochaines joutes électorales ; et vis-à-vis de l’ethnie à laquelle on appartient, dans l’espoir d’être récompensé si jamais le pays venait à être divisé en régions indépendantes ou en Etats fédérés », explique-t-il.

Et si bon nombre de ces élites manipulatrices ne tiennent pas forcément compte des conséquences que peut engendrer une guerre civile au Cameroun, ce n’est surtout pas le « bas peuple » qui pourrait en tirer profit. Les Camerounais ordinaires, indique encore l’expert, vivent dans une même misère qui ne distingue pas leurs origines ethniques. « Il n’y a en effet pas de différence entre pauvres nordistes et pauvres sudistes, ni entre misérables anglophones et misérables francophones. Même s’ils sont instrumentalisés dans ce concours de haine par leurs élites respectives, les retombées de ces luttes ne sont pas destinées aux citoyens lambda », apprend-on.

Arthur Wandji (Défis Actuels)

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