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Luc M. Mbarga Atangana, la voix de l’Afrique à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC)

Régulateur du commerce camerounais depuis deux décennies, Luc Magloire Mbarga Atangana a su bâtir une vision cohérente entre diplomatie internationale et régulation locale. Alors que Yaoundé s’apprête à accueillir la 14e Conférence ministérielle de l’OMC, focus sur un homme au cœur des enjeux.

Il est aujourd’hui l’un des portevoix les plus écoutés de l’Afrique dans les grandes arènes commerciales internationales. Sa maîtrise des équilibres diplomatiques s’est une nouvelle fois illustrée a quelques mois de la tenue de la 111ᵉ session du Conseil international du cacao. En toile de fond : la menace imminente d’un règlement européen imposant des restrictions strictes sur les produits liés à la déforestation. Face à cette offensive réglementaire, Luc Magloire Mbarga Atangana orchestre une riposte concertée. À la tête d’une coalition d’experts et de diplomates africains, le ministre camerounais coordonne l’élaboration d’une déclaration commune. Résultat : la mise en œuvre du texte européen est repoussée d’un an — une victoire stratégique, saluée comme telle par les principaux acteurs du secteur. « Avec vous, Monsieur le Ministre, en première ligne », reconnaît publiquement Aly Touré, ambassadeur de Côte d’Ivoire auprès des Organisations internationales de produits de base, devant une salle comble en avril 2025 à Yaoundé. Un rapport lourd de sens, qui consacre le rôle central du Cameroun dans ce combat technique et politique. Le pays marque un point diplomatique. Luc Magloire Mbarga Atangana, lui, signe une nouvelle victoire. À l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il se fait remarquer comme porteparole des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) en 2008. Calme, méthodique, redoutablement préparé, il devient un interlocuteur écouté. Son objectif est de défendre un commerce plus juste, où le développement des États ne passe pas après les profits des multinationales. Dans un univers impitoyable du commerce international, rares sont les visages africains à avoir imprimé une telle empreinte. À la tête du ministère du Commerce depuis décembre 2004, Luc Magloire Mbarga Atangana incarne une certaine idée de la rigueur et de la vision stratégique. Formé à l’université Paris-Dauphine, ce technocrate devenu ministre a su imposer une ligne claire : faire du commerce un levier de souveraineté et de développement.

UN PARCOURS FORGÉ DANS LA FILIÈRE BANANE

 Originaire de Nsazomo, dans la région du Centre, Magloire a bâti une partie de sa carrière dans l’industrie de la banane, un produit à haute valeur stratégique pour les exportations camerounaises qui contribue à 4,5% du PIB agricole du pays. À l’Organisation Camerounaise de la Banane (OCB), il pilote la structuration des circuits commerciaux avant de s’envoler pour Paris, où il dirige la délégation EuropeAfrique du Nord. De retour au Cameroun, il prend les rênes des Bananeraies de M’Bomé. Cette immersion dans la filière agricole lui confère une compréhension fine des enjeux commerciaux — de la production à l’exportation, du paysan aux négociants. Elle nourrira, plus tard, sa gestion des grands équilibres entre intérêts nationaux, exigences internationales et développement local.

UN CAMEROUN AU CŒUR DES NÉGOCIATIONS MONDIALES

La reconnaissance s’étend bien au-delà de cette bataille. En mars 2026, Yaoundé accueillera la 14e Conférence ministérielle de l’OMC. Un privilège que peu de pays africains peuvent revendiquer. Et surtout, un exploit diplomatique : cette édition devait normalement se tenir à Genève, siège de l’organisation. Mais le dynamisme du ministre camerounais et la crédibilité acquise à force de constance ont pesé dans la balance. « Nous voulons que Yaoundé marque le premier pas d’un New Deal pour l’OMC », a-t-il lancé lors d’une réunion préparatoire avec les pays francophones d’Afrique et de l’Océan Indien. Dans un monde secoué par les crises sanitaires, sécuritaires, économiques et climatiques, il appelle à une réforme de fond du système commercial mondial. Moins de discours, plus de priorités claires : sécurité alimentaire, réforme des subventions à la pêche, recentrage de l’OMC sur le développement des États.

La Directrice Générale de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est Ngozi Okonjo-Iweala et le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atanagana

ARTISAN DE LA RÉGULATION ET DE LA PROTECTION DU COMMERCE

Sur le terrain national, le ministre n’est pas resté en retrait. En 2014, il signe un arrêté structurant la commercialisation du cacao camerounais, assorti d’un décret encadrant l’ensemble des produits agricoles sur le marché intérieur. L’objectif : mieux organiser la filière, protéger les producteurs, garantir des revenus décents, sécuriser les consommateurs. Résultat : la fève camerounaise est aujourd’hui l’une des plus prisées au monde. Une série d’initiatives concrètes viennent appuyer cette politique de qualité. En 2013, il distribue 1 200 bâches de séchage à 1 100 producteurs, après une opération coup de poing visant à interdire le séchage sur bitume. « Toute fève séchée sur le goudron sera brûlée », avertit-il. Une mesure sévère mais nécessaire, pour hisser les standards et restaurer la compétitivité. En 2023, nouvelle action forte : face à une contrebande massive de cacao vers le Nigeria, il suspend les exportations vers ce pays voisin. Une décision difficile, mais salutaire. Les pertes économiques liées à la fraude sont colossales : près de 10 milliards de FCFA de droits de sortie, et 60 milliards de devises évaporées selon les estimations officielles. Aujourd’hui, le cacao camerounais atteint des prix record, dépassant les 5 000 FCFA/kg, avec un impact direct sur le revenu des producteurs. Et dans les zones rurales, le nom de celui qui a présidé au nom du Cameroun, la présidence du Conseil international du cacao pour la campagne 2024/2025, est cité avec un certain respect.

UN HOMME D’ÉTAT, PAS DE SPECTACLE

Luc Magloire Mbarga Atangana n’est pas un ministre de la lumière. Il ne court pas les plateaux, ne se livre pas à des envolées médiatiques. Mais il travaille, lentement, sûrement, avec une idée directrice : la souveraineté économique passe par une stratégie commerciale maîtrisée. Depuis 2008, il préside le conseil d’administration du Fonds de stabilisation des prix des hydrocarbures. Là aussi, il veille à la régulation d’un secteur stratégique, dans un contexte énergétique mondial tendu. À l’approche de la Conférence de Yaoundé, le ministre place la barre haut. « Nous voulons que Yaoundé soit une fierté pour l’Afrique, pour l’OMC, pour le Cameroun », insiste-t-il. Face à un monde commercial de plus en plus fragmenté, il milite pour une OMC réformée, plus démocratique, plus enracinée dans les réalités des pays du Sud. Il rêve d’une institution « forte, dotée d’un secrétariat solide, et ancrée dans les terroirs ». Il refuse les forums bavards aux résultats creux, préférant la confrontation d’idées concrètes aux grands principes incantatoires. Son message est clair : le commerce ne doit pas être une fin en soi, mais un instrument au service du développement des pays.

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