Louis Paul Motaze : « Nous sommes favorables à l’annulation de la dette des pays africains »

Au cours de cette réunion, l’un de vos collègues a clairement indiqué que le rééchelonnement de la dette ne saurait constituer une solution à la crise actuelle, il proposait à cet effet une annulation de la dette des pays africains. Quel est votre avis sur le sujet ?

Il ne faut jamais prendre les choses dans l’absolu. On ne peut pas dire qu’alléger la dette est une mauvaise chose. L’allègement de la dette est aussi une bonne initiative. Car toutes les échéances de remboursement de la dette qui était devant nous et qui allaient du 1er mai au 31 décembre sont reportées, ce qui nous crée un espace budgétaire pour régler d’autres problèmes. Ce qui est tout à fait appréciable, mais c’est insuffisant. C’est-à-dire que cette dette qui est reportée, on finira par la payer. Ce sujet et bien d’autres font partie des discussions qui ont lieu au cours des nombreuses réunions que nous avons avec les PTF. On en a par exemple parlé au cours du Comité ministériel auquel prenaient part les représentants du FMI, des membres du G20, le Trésor français, etc. Et je puis vous dire qu’ils nous ont fait savoir que ce sujet occupe une place importante dans les différentes discussions qu’ils ont entre eux. A savoir que, est-ce qu’on s’arrête à ce qu’on a déjà fait ou alors on va plus loin ? Nous espérons justement qu’ils comprendront qu’il faut aller beaucoup plus loin, en allégeant davantage ou alors annuler. Evidemment que si vous me posez la question de savoir si on doit annuler cette dette, je vous répondrai par l’affirmative. Mais il ne s’agit d’un décret que je peux prendre. C’est donc une discussion que nous devons avoir avec eux. Le plus important à mon avis c’est que quand nous discutions avec ces partenaires, nous devons toujours leur démontrer que nous ne demandons pas des choses pour que demain nous replongions dans les mêmes travers. Parce que c’est aussi pour cette raison que certains des solutions qui nous sont proposées sont pour nous insuffisantes. Et ce parce que certaines institutions se disent qu’en nous apportant certaines solutions, nous allons de nouveau replonger dans l’indiscipline. La meilleure manière d’effacer cette façon de voir les choses c’est en démontrant que nous sommes capables de faire plus et mieux. En évitant par exemple de nous retrouver dans un endettement inconsidéré et qui ne produit pas de richesses. Je crois que les pays africains ont bien besoin de faire cette preuve.

Que pensent les partenaires techniques et financiers de la façon dont la crise sanitaire est gérée par les pays de la Cemac et notamment par le Cameroun ?

Il se fait que ce matin (6 août, Ndlr) avant notre vision conférence, nous avions déjà une autre vision conférence avec le Premier ministre et l’ensemble des membres du gouvernement pour parler du Covid-19 au Cameroun, les choses se passent plutôt bien. C’est-à-dire que la stratégie que le chef de l’Etat a mis sur pied et qui est appliquée par le Premier ministre affiche de bons résultats. J’en veux pour preuve le taux de guérison, le taux de létalité, etc. De toute façon, les pays africains ont été félicités par les PTF parce qu’ils ont réalisé que les pays africains ont pris le taureau par les cornes. Pour la suite, nous leur demandons de continuer à nous soutenir pas toujours de manière ponctuelle, mais de façon beaucoup plus structurelle. Et ce à travers les Equipements de Protection Individuelle, etc. Il en est de même en ce qui concerne la fabrication des médicaments, et dans ce domaine, il est important de souligner que le Cameroun le fait déjà. C’est dire que l’Afrique s’est jusqu’ici bien comportée et nous demandons d’avoir plus d’aides pour sortir définitivement de l’ornière.

Réalisée par Junior Matock

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