Louis Paul Motaze, ministre des Finances: « les conséquences économiques seront terribles pour nos Etats »

« Les conséquences économiques seront terribles pour nos Etats »

Motaze veut mobiliser 220 milliards

« Les ministres de l’Economie et des Finances n’ont pas une réponse sanitaire. Nous devions analyser les répercussions de cette crise sur notre tissu économique et nos budgets, et voir quelles peuvent être les réponses que nous pouvons apportées. Pour ce qui est de l’évaluation, ça reste encore un peu difficile, parce qu’elle dépend de la durée de la pandémie. Une chose est certaine, c’est que nous aurons des conséquences sur nos budgets. Au niveau du Cameroun par exemple, on a fait quelques évaluations. En ce qui concerne notre loi de finances 2020, elle avait été faite sur une hypothèse d’un baril de pétrole à 54,4 dollars. Aujourd’hui, nous sommes à moins de 30 dollars, vous comprenez donc que la conséquence est immédiate. Nous savons également qu’avec la diminution des échanges avec le monde extérieur, les importations vont baisser, ce qui suppose que les recettes douanières vont chuter. Et tout cela va avoir des effets significatifs sur l’économie réelle. En clair, il a été constaté que les effets vont être terribles. En ce qui concerne les solutions, les ministres ont pensé qu’il fallait réfléchir sur une réponse globale. Ce d’autant plus les pays de la Cemac négocient toujours avec leurs partenaires, mais très souvent de manière bilatérale. La décision qui a été prise est celle de mener des négociations communes avec des institutions telles que le Fonds Monétaire International (FMI). Il faut qu’on détermine ces dénominateurs communs, notamment ce qu’il faut accepter ou demander. Bien entendu, en laissant par la suite le soin à chaque Etat, en fonction des spécificités qui sont les siennes, de mener des négociations bilatérales. Evidemment, il y a des efforts qui doivent être faits au niveau de chaque pays, en matière de discipline budgétaire et de réallocation des ressources en fonction des priorités. La priorité actuelle est celle de combattre ce virus et soutenir le tissu économique pour éviter les licenciements et autres fermetures des entreprises. Il y aussi un effort à faire avec nos propres institutions sous régionales avant de recourir à l’aide internationale. Dans cette perspective, le président de la Bdeac m’a informé avoir accordé à chaque Etat plus de 500 millions de francs CFA. La Banque des Etats de l’Afrique Centrale a accordé une ligne de crédit de 90 milliards de francs CFA qui seront mis à la disposition de la Bdeac pour les investissements publics des Etats, dans le domaine de la santé. Les autres mesures sont d’ordre technique, notamment à travers les politiques monétaires qui visent à injecter de l’argent dans l’économie, il faut également que les crédits soient facilités aux entreprises afin qu’elles puissent faire face aux différents défis. L’autre démarche consistera à aller vers les institutions de Bretton Woods pour solliciter l’annulation de leurs dettes. Heureusement que certaines de ces institutions ont déjà planché sur le sujet et envisagent carrément l’annulation de la dette ».

Par Junior Matock ( Défis Actuels 469)

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