L’EUROBOND : Comprendre la ruée des investisseurs

Au-delà du contexte des marchés financiers internationaux, le ministre des Finances a suscité chez les investisseurs un regain de confiance en la signature du Cameroun.


Le refinancement de l’eurobond 2015 est un franc succès. Alors que le Cameroun ne demandait que 450 milliards, les investisseurs en ont proposé trois fois plus, soit 1481 milliards de francs CFA. Bien plus, les taux d’intérêts ont baissé de près de 5 points, passant de 9,5 % (2015), à 5,95 %. Une réussite prévisible, car soigneusement préparée depuis des mois. Lorsqu’en début d’année l’on évoque au ministère des Finances la possibilité de refinancement de l’eurobond 2015, les experts s’appuient sur un fait : la morosité des marchés internationaux fait chuter les taux d’intérêts. La faute à la crise sanitaire, et les incertitudes des investisseurs. Le Cameroun décide d’en tirer avantage, en retournant sur le marché européen, afin de racheter sa dette à un taux d’intérêt plus bas, et repousser par la même occasion l’échéance de remboursement du principal de l’eurobond de 2015, qui devrait commencer en 2023. Lors des négociations en vue de la signature d’un nouveau programme, le Fonds monétaire international encourage le Cameroun dans cette dynamique. Quand à lui, le président de la République autorisait le ministre à émettre en fin juin 2021 l’euro-obligation, en s’entourant de la holding financière Rothschild & Co comme arrangeur. La machine se met en branle, les spécialistes des marchés financiers scrutent et analysent l’évolution des taux d’intérêts et les conditions du marché. Si le ministre des Finances Louis Paul Motaze sait pouvoir compter sur des conditions exogènes favorables, il ne néglige cependant pas le volet de la préparation. Pour cette opération, il mise sur le trio JP Morgan Securities PLC, Citigroup Global Markets Limited et Société générale Corporate & Investment Banking, pour structurer l’eurobond du Cameroun, et s’attache les services de conseillers juridiques Allen & Overy à l’international et du cabinet Nyemb au niveau local. Dotée d’une expérience avérée dans le domaine, l’équipe de Louis Paul Motaze prépare son émission sur le marché européen. L’ordonnance du 26 juin du président de la République habilite le ministre des Finances à recourir à des émissions sur le marché des titres internationaux. Le cadre légal défini, le processus s’accélère, le Minfi prend le temps d’expliquer aux parlementaires ce qu’implique cette nouvelle émission de titres. Du 23 au 29 juin, Louis Paul Motaze et sa délégation séjournent en France. Après l’annonce de l’opération sur les marchés le 22 juin 2021, il s’en est suivi un Roadshow au cours duquel se sont succédées des réunions et négociations entre la délégation camerounaise et une centaine d’analystes financiers représentant plus de 70 groupes d’investisseurs ayant de grandes capacités de placement. « Ces rencontres ont permis à la délégation de présenter la situation politique et sociale du Cameroun, ainsi que ses acquis et perspectives économiques à moyen et long terme, afin de permettre aux investisseurs d’avoir une meilleure perception du crédit Cameroun », écrit le ministre Louis Paul Motaze dans un communiqué. Cette roadshow, bien que limitée du fait des restrictions sanitaires, a tout de même montré son efficacité le jour de l’opération. L’eurobond du Cameroun a été souscrit à 321 % par 205 souscripteurs. « En dépit d’un contexte marqué par la pandémie du coronavirus, les investisseurs ont marqué leur confiance retrouvée dans la qualité de signature du Cameroun, confortée par la bonne exécution d’un premier programme, la perspective de signature d’un nouveau programme avec le FMI et la mise en œuvre de notre Stratégie de Développement 2020-2030 », a expliqué le ministre dans sa communication de circonstance.

Grâce au 450 milliards obtenus, « l’Etat a atteint un taux de rachat record, qui se situe à environ 80 % du montant de la souche de 2015 ». Bien plus, cette opération a contribué à « améliorer son profil, pour susciter l’attrait des investisseurs sur la mise en œuvre de notre stratégie de développement », a poursuivi Louis Paul Motaze, chef de la délégation du Cameroun à Paris. Grâce à cette réussite, le Cameroun peut concentrer ses fonds à la poursuite de la mise en œuvre des projets de développement contenus dans sa Stratégie Nationale de Développement. Grâce à ces projets, le pays devrait être à mesure d’honorer les échéances de remboursement du nouvel eurobond prévu d’ici au moins 11 ans.

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