Au-delà des pertes subies, la lutte anticorruption se mesure aussi aux fonds récupérés. En 2024, le Tribunal criminel spécial (TCS) a permis de restituer 334,2 millions de FCFA au Trésor public, tandis que la Société de recouvrement des créances (SRC)a engrangé 5,29 milliards de FCFA. Soit un total de 5,63 milliards FCFA de recettes recouvrées au bénéfice de l’État camerounais. Ce niveau est inférieur à celui de 2023, où le TCS avait restitué 1,47 milliard de FCFA et la SRC 7,01 milliards FCFA, pour un total de 8,49 milliards FCFA.
Le recul atteint donc près de 34 % en un an. Là encore, la variation s’explique moins par un relâchement des procédures que par le profil des affaires instruites et l’ampleur des sommes détournées initialement. Sur le terrain de la répression, les actions se sont multipliées. La Conac relève avoir conduit 44 interventions rapides (AIR) en 2024, contre 35 en 2023. Ces missions visent à intervenir immédiatement en cas de flagrant délit.
Sur ces 44 opérations, 36 se sont avérées fondées, entraînant l’incarcération directe des personnes interpellées. Par ailleurs, les cliniques anticorruption, organisées par la Conac pour recevoir les plaintes des citoyens sur place, ont débouché en 2024 sur la traduction de 11 personnes devant les juridictions compétentes. Les sanctions disciplinaires et administratives se sont également renforcées.
En 2024, 31 départements ministériels et sociétés publiques ont prononcé des mesures contre leurs personnels, contre 24 en 2023. Le bilan fait état de 298 agents suspendus, dont 14 mis en débet, 221 étudiants exclus temporairement pour fraude académique, ainsi que 216 entreprises privées exclues de la commande publique pour deux ans. À cela s’ajoutent 14 exploitants forestiers sanctionnés pour exploitation non conforme. Pour autant, la Conac estime que la lutte doit encore gagner en efficacité.
Le rapport insiste sur l’urgence d’appliquer l’article 66 de la Constitution, relatif à la déclaration des biens et avoirs des responsables publics, de criminaliser l’enrichissement illicite, d’instaurer une protection des dénonciateurs et de mettre en place un mécanisme de gestion des avoirs issus de la corruption. L’institution plaide également pour un renforcement des moyens des organes de contrôle, notamment au niveau des collectivités territoriales décentralisées, afin de rapprocher la lutte du terrain.