Les chiffres sont sans appel. En 2024, les importations de maïs ont atteint 81 833 tonnes, soit une hausse de 103,1 % en un an. Sur cinq ans, elles ont presque triplé, portant la facture à 19,4 milliards de FCFA, contre environ 8,5 milliards en 2010. L’Argentine reste le principal fournisseur.
Cette dépendance extérieure s’installe dans un contexte où la production nationale, évaluée en moyenne à 2,2 millions de tonnes entre 2017 et 2021, ne parvient pas à suivre une demande qui dépassait déjà 2,8 millions de tonnes dès 2019. Le paradoxe est renforcé par les flux informels. Le rapport souligne qu’environ 50 000 tonnes s’échappent chaque année vers les pays voisins, révélant une désorganisation du marché intérieur.
À cela s’ajoutent des pertes post-récoltes estimées à 11 % de la production, aggravant un déficit structurel qui fragilise la balance commerciale. Le retard de la filière est manifeste. En 2023, le rendement moyen plafonnait à 1,8 tonne par hectare, loin des standards mondiaux de 5,9 tonnes et des performances sudafricaines qui atteignent 6,4 tonnes par hectare. La production nationale progresse de 2,2 % par an, quand la population augmente de 2,8 %, accentuant le déséquilibre.
Le Comité de compétitivité rappelle que « le coût de production direct d’un hectare de maïs est estimé à environ 428 000 FCFA », un niveau alourdi par le faible accès aux semences certifiées, aux fertilisants et par l’absence d’infrastructures de séchage et de stockage.
Face à cette situation, le rapport recommande d’accélérer la modernisation de la filière : développer des exploitations de grande taille capables de réaliser des économies d’échelle, renforcer le segment semencier, encourager l’adoption de variétés hybrides adaptées aux conditions locales, promouvoir la mécanisation et doter le pays d’infrastructures de stockage modernes.
Il insiste enfin sur l’importance d’un meilleur accès au financement agricole, indispensable pour soutenir les producteurs tout au long du cycle de production.






