Les derniers indicateurs publiés décrivent un environnement des affaires marqué par une montée des contraintes pour les entreprises, en particulier dans les filières agroalimentaires. Le début de la saison des pluies, qui détériore les principaux axes routiers, s’ajoute à la hausse des coûts logistiques et des matières premières, compromettant les rythmes de production dans plusieurs unités de transformation.
Les difficultés logistiques apparaissent nettement dans les réponses des entreprises. L’accessibilité aux matières premières locales se dégrade lorsque les routes secondaires deviennent impraticables. Les industries de transformation des produits agricoles, dépendantes d’un flux constant d’approvisionnement depuis les zones rurales, rapportent des retards fréquents et des ruptures qui affectent directement leurs cadences.
À ces obstacles routiers s’ajoute une hausse généralisée des intrants. Plus de 74 % des entreprises évoquent l’augmentation des prix des matières premières, tandis que 72 % signalent leur rareté. Les intrants désignent ici l’ensemble des produits nécessaires à la production : céréales, huiles, produits d’élevage, composants importés ou matériaux de conditionnement. Leur coût en hausse pèse sur les chaînes de transformation, réduisant les marges et fragilisant la trésorerie.
Les entreprises mentionnent également la progression des frais liés au passage portuaire et au fret. Le fret désigne le transport maritime ou terrestre de marchandises. Son renchérissement, signalé par 71 % des entreprises, renforce le coût final des intrants importés. Parallèlement, 76 % des entreprises relèvent une hausse des frais portuaires. Cette addition de charges logistiques alourdit le coût des matières premières et pénalise les unités qui dépendent des importations.
L’accès aux devises constitue une autre contrainte persistante. Pour 77,6 % des entreprises interrogées, la disponibilité limitée des devises ralentit les achats d’intrants à l’étranger. La “politique de change” désigne l’ensemble des règles encadrant l’accès aux monnaies étrangères. Sa complexité rallonge les délais de paiement, limite les stocks et expose les industries à des interruptions.
Les contraintes énergétiques amplifient ces difficultés. Plus de 83 % des entreprises signalent des problèmes d’accès à l’électricité, soit une progression notable par rapport au trimestre précédent. Pour les unités de transformation, l’énergie représente un poste essentiel : refroidissement, stockage, broyage, cuisson, séchage ou conditionnement dépendent d’un approvisionnement stable. Les coupures ou fluctuations entraînent des pertes de matières et augmentent les coûts de production.
Le financement devient également plus difficile. 77 % des entreprises évoquent un accès restreint au crédit, une hausse de plus de 15 points. L’insuffisance de financement limite la capacité à acheter des stocks de sécurité, à renouveler le matériel ou à absorber la hausse des coûts logistiques. La trésorerie se dégrade d’autant plus que 77 % des entreprises rapportent des retards de paiement, désormais classés parmi les principales préoccupations.
Cette accumulation de contraintes se déroule dans un contexte d’inflation maîtrisée mais toujours sensible dans les secteurs alimentaires. Selon l’Institut national de la statistique, les prix à la consommation ont progressé de 0,3 % en septembre 2025, portés par une hausse de 0,9 % des produits alimentaires, notamment les pains, céréales, fruits et légumes. Sur douze mois, l’inflation moyenne atteint 3,9 %, proche du seuil de convergence de la CEMAC fixé à 3 %.
Cet environnement met en évidence la vulnérabilité des filières agroalimentaires face à des facteurs simultanés : routes dégradées, hausse des intrants, contraintes énergétiques et difficultés d’accès au financement. Des éléments qui, cumulés, perturbent les chaînes d’approvisionnement locales et pèsent sur les capacités de transformation.






