Législatives et municipales : Paul Biya, les élections et la sécession

Le président de la République a convoqué le corps électoral pour le 9 février prochain, en pleine crise militaire dans deux régions du pays.

Paul Biya toujours annoncé en pompier, mais éloigné du terrain

Paul Biya a décidé. Le Corps électoral est convoqué pour le 9 février 2020, pour élire de nouveaux députés et conseillers municipaux. Le décret présidentiel coupe net le débat sur ce sujet. Une partie de la classe politique l’appelant à proroger le mandat de ces élus. Le temps de régler quelques préalables, notamment le toilettage du Code électoral, et surtout de ramener la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Et sur cette question, l’opposition a cru devoir militer en faveur d’une solution politique face au droit. Et ainsi accepter que le président de la République proroge le mandat des conseillers municipaux, contre le Code la loi qui n’autorise que deux prorogations. Paul Biya n’a pas prêté attention à cette revendication, et a préféré foncer droit.

Si l’opposition peut faiblir et concourir avec ce Code électoral dont elle dénonce la fiabilité, la question de la sécurité dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest demeure énigmatique et aléatoire. Au moment où l’homme convoque le corps électoral, la guerre se porte bien entre les Forces de défense et de sécurité et les séparatistes qui prennent en otage diverses localités de la République. Il est clair que dans cette ambiance, les élections ne pourront pas se tenir dans ces deux régions. Du moins pas sur l’ensemble du territoire. Lors des échéances passées, les opérations avaient été délocalisées. Pour la présidentielle d’octobre 2018, de hautes personnalités originaires des coins reculés de ces deux régions avaient dû changer de bureau de vote. L’ancien Premier ministre Yang Philemon par exemple avait délocalisé son vote de pour Bamenda. La situation avait été plus facile à gérer lors des sénatoriales tenues en 2018. La circonscription étant départementale, Election’s Cameroon (Elecam), l’organe chargé de l’organisation des élections, avait déplacé les bureaux de vote sur des sites sécurisés et a eu recours aux facilités du ministère de la Défense pour diligenter les opérations électorales.

Qu’en sera-t-il le 9 février ? Difficile de le savoir. Toujours est-il que si l’Armée ne parvient pas à assurer une paix durable dans les deux régions en crise, et que les opérations électorales ne s’y tiennent pas, Paul Biya aura acté à sa manière la sécession du Cameroun. D’autant plus qu’une partie des Camerounais ne sera plus concernée par la marche des affaires de la République du Cameroun.

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