Le 29 janvier 2024, le FMI a approuvé un financement de 183,4 millions de dollars (plus de 111 milliards FCFA) en faveur du Cameroun, via son Mécanisme pour la résilience et la durabilité (FSR). Ce dispositif vise à soutenir les pays engagés dans des réformes face aux risques liés au climat et aux pandémies. Une avancée notable, mais encore éloignée de la reconnaissance du rôle écologique majeur du Cameroun. Le FMI, souligne la vulnérabilité structurelle du pays : sécheresses, inondations, érosion côtière, insécurité alimentaire et déplacements de populations.
Le changement climatique menace le capital humain et freine la croissance inclusive. À cela s’ajoute le rôle stratégique du Cameroun dans la préservation des forêts du Bassin du Congo, deuxième poumon écologique mondial. Le WWF Cameroun rappelle que les pays de la région ont limité la déforestation entre 0,01 % et 0,33 %, malgré les pressions économiques.
Mais les mécanismes de financement restent insuffisants pour garantir une conservation durable. Le rapport pays 2023 sur le climat et la croissance verte confirme cette faiblesse : 97,4 % des financements climatiques reçus par le Cameroun en 2019-2020 proviennent de sources publiques, contre seulement 2,6 % du secteur privé. Les investissements privés — énergies renouvelables, prêts verts, subventions — demeurent marginaux.
En 2022, l’Afrique ne représentait que 0,1 % des obligations vertes mondiales, sans aucun pays d’Afrique centrale parmi les principaux bénéficiaires. Ce paradoxe est criant : le Cameroun rend un service climatique mondial vital, mais les flux financiers ne reflètent ni la valeur de cet apport ni les coûts supportés.
La rémunération équitable des services environnementaux devient un enjeu central. Le financement du FMI, couplé aux engagements de la FEC et de la FEP, offre une opportunité de repositionner la stratégie nationale. Le défi : faire de la conservation un actif financier reconnu, mesurable et attractif pour les marchés du carbone et les obligations vertes.
Le Cameroun dispose d’atouts techniques et institutionnels, mais doit renforcer ses outils de mesure, mobiliser le secteur privé et structurer une offre crédible. L’enjeu dépasse l’environnement : il touche à la soutenabilité des finances publiques, dans un contexte de vulnérabilité croissante aux chocs climatiques.







