«Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a parlé du nouveau programme avec le FMI. Le fait effectivement que la dernière revue a été conclue de manière satisfaisante et nous ce qu’on retient c’est la volonté de l’ensemble de l’assemblée de vouloir continuer à discuter avec le FMI et potentiellement à ouvrir les négociations pour un nouveau programme. C’est quelque chose qui nous réjouit évidemment », a déclaré Sébastien Dibling, chef de la coopération à la délégation de l’Union européenne pour le Cameroun et pour la Guinée équatoriale, le 17 septembre 2025, lors de la seizième session du Comité de pilotage de la plateforme de dialogue sur les finances publiques.
Les discussions, cependant, n’en sont qu’à leurs balbutiements. Aucun détail sur le montant potentiel ou les contours précis du futur cadre de coopération n’a filtré. Cette éventualité survient alors que le rideau est officiellement tombé le 8 mai 2025 sur le programme économique et financier adossé à la Facilité élargie de crédit (FEC) et au Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Mis en place en juillet 2021 pour trois ans et prolongé d’une année supplémentaire, ce cadre a permis au Cameroun de bénéficier de financements réguliers destinés à soutenir sa trésorerie. Comme dans la plupart des accords de ce type, chaque revue validée donnait lieu à un décaissement. Pour des agences de notation comme Fitch Ratings, la poursuite de ce partenariat apparaît comme une nécessité économique.
Dans un contexte régional où plusieurs pays ont dû rééchelonner leur dette, Fitch a souligné, le 9 mai 2025, que la stabilité camerounaise – avec une dette en devises régionales représentant 6,1% du PIB en 2024 et seulement 1,6% du PIB arrivant à échéance annuelle – était intrinsèquement liée au maintien du soutien des créanciers officiels, notamment du FMI. L’agence a explicitement averti qu’une absence d’accord constituerait « un risque majeur » pour la soutenabilité budgétaire et l’accès aux financements extérieurs, d’autant plus cruciaux que les conditions d’emprunt sur les marchés internationaux se durcissent.
VERS QUEL NOUVEAU TYPE DE PROGRAMME ?
Entre 2021 et 2025, hors versement final lié à la huitième revue, le FMI aura apporté environ 500 milliards de FCFA au Cameroun. Un appui utile, mais jugé limité à l’échelle des besoins. Surtout que sous d’autres cieux , l’institution de Breton Woods se montre plus généreuse. En mars 2025, le Côte d’Ivoire a conclu un accord avec le FMI permettant des décaissements attendus de 4,8 milliards de dollars, soit environ 2 762 milliards de FCFA, soit un montant près de 5 fois supérieur à celui perçu par le Cameroun lors de la dernière revue.
Cette différence s’explique peut-être par l’efficacité dont a fait montre ce pays d’Afrique de l’ouest dans l’exécution de son programme économique avec le FMI. En effet, En mars 2025, le pays a validé la quatrième revue de son programme MEDC-FEC et la troisième revue de son FRD. À l’époque, le FMI saluait des progrès reconnus dans la gestion budgétaire, la mobilisation des recettes, la diversification de l’économie et la résilience climatique. L’institution financière anticipait également une croissance au-delà de 6 % en 2025, tirée par l’agriculture, les services et les industries extractives, ainsi qu’une amélioration du compte courant.
Quelques mois auparavant au Cameroun, le FMI se montrait moins disert en compliments sans verser dans l’alarmisme. Son communiqué suite à la septième revue du programme camerounais, en janvier 2025, mettait davantage l’accent sur la nécessité de poursuivre les réformes pour consolider les acquis et accélérer la croissance, tout en relevant des retards dans les projets d’investissement. Si les performances macroéconomiques étaient jugées « encourageantes », le ton général soulignait davantage les défis persistants que les succès éclatants. Un discours réitéré en juillet 2025, dans le communiqué qui annonçait la conclusion de la 8e revue du programme économique avec le FMI, et le décaissement imminent de 82 milliards FCFA en faveur du Cameroun, portant à 793 millions de dollars l’ensemble des appuis financiers obtenus auprès de l’institution.
Le FMI a attiré l’attention du Cameroun sur plusieurs défis. Il notamment encouragé une meilleure mobilisation des recettes fiscales hors pétrole, une gestion plus rigoureuse des dépenses publiques, ainsi qu’une réduction des arriérés intérieurs. Même si le niveau d’endettement du pays reste soutenable et commence à baisser, les risques de surendettement demeurent élevés. Des progrès sont également attendus dans les domaines de la gouvernance, de la transparence budgétaire et de la gestion des entreprises publiques, en particulier dans les secteurs de l’énergie et du raffinage. La mobilisation de moyens financiers plus conséquents auprès de ce bailleur de fonds passe peut-être par la mise en œuvre efficiente de ces dernières recommandations