Le Groupement Interpatronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun ( Ecam) formeront bientôt une seule entité. Célestin Tawamba et Protais Ayangma présidents des deux organisations et tous initiateurs du mouvement Ecam né des désaccords au Gicam d’antan ont signé récemment le traité de fusion. D’aucuns voient la future structure comme un regroupement de petits copains. Qu’en dites-vous ?
Ecam a été créé en 2008 à la suite d’un profond désaccord entre certains membres du Gicam et l’équipe dirigeante en son temps. Et Célestin Tawamba actuel président du Gicam dans son programme » le Gicam en action » qui le portera à la tête du Gicam en 2017 avait inscrit en priorité l’unification des deux patronats et je pense que les adhérents du Gicam devraient se souvenir de son discours d’investiture en juin 2017 qui dans un paragraphe bien précis tendait à la main à ceux qui avaient tourné le dos à la maison Gicam. L’émiettement des positions patronales n’aide pas les entreprises. Avoir des tons différents sur le même sujet rend le patronat pratiquement inaudible donc l’objectif de mon point de vue, est d’avoir un ton unique du patronat qui va permettre d’obtenir des résultats et beaucoup plus vite encore. Donc l’objectif de cette fusion c’est d’avoir un seul patronat plus fort, unifié et un seul interlocuteur face à notre partenaire privilégié que sont les pouvoirs publics.
Mais, visiblement ce traité de fusion ne fait pas l’unanimité au sein du Gicam !
Je ne sais pas quelles sont vos sources mais je voudrais dire que le traité de fusion a été signé le 5 avril. Rendus à plus de 20 jours après, nous n’avons reçu aucune requête d’un membre du Gicam ou d’Ecam qui s’opposerait à cette fusion. Je voudrais rappeler un principe qui est primordial pour une association comme le Gicam, c’est la démocratie associative. Tout adhérent du Gicam est dans son droit de s’opposer à une décision qui a été prise par l’exécutif du Gicam. Ce qui est important, c’est de préserver l’intérêt général au-delà des intérêts individuels qui sont tout à fait naturels. Mais il se trouve que quelqu’un peut s’y opposer parce qu’il n’a pas cerné les contours de cette fusion, qu’il n’y a pas vu ses intérêts ou ceux de son entreprise ; ou alors de sa fenêtre il n’a pas pu voir l’intérêt du groupe. Ce qui important à la fin de la journée c’est de pouvoir fédérer toutes les énergies et de s’assurer que tous les membres du Gicam et tous les membres d’Ecam parlent d’une voix unifiée pour aller vers ce projet.
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Ce n’est pas pourtant ce que dit Emmanuel Wafo, président de la commission Economie et développement de l’entreprise qui a fait une sortie critique abondamment relayée par les médias.
Mon père m’a souvent rappelée que pour diriger une équipe de manière efficace, il faut 80-20. 80% des personnes pour et 20% des personnes contre, sinon on se retrouve avec des personnes qui pourraient prendre des décisions qui passeraient comme des lettres à la poste. Alors vous me parlez d’une sortie du président de la commission de l’Economie et du Développement de l’Entreprise que je n’ai pas lue. J’aurai beaucoup de peine à commenter une sortie que je n’ai pas lue.
Il indique dans cette tribune qu’il va saisir le comité de sages par ce que derrière cette fusion selon lui se cache une volonté pour l’actuel président du Gicam de s’éterniser à la tête du patronat. Quel est votre commentaire ?
L’organe permanent du groupement interpatronal dirigé par ma modeste personne n’a reçu aucune requête d’un membre, d’un président de commission ou qui que ce soit et je le rappelle, la décision de fusion a été prise à l’unanimité par le conseil d’administration. Alors, s’il y avait une requête qui serait adressée au comité des sages, ça passerait par les services permanents du Gicam et je n’ai pas été au courant de cette requête et j’aurai été très à l’aise de commenter avec vous la position d’un membre du Gicam qui plus est président d’une commission technique. Mais, malheureusement j’aurai de la peine à commenter cette position que je ne connais pas et que je n’ai pas lue parce qu’elle ne m’a pas été adressée. Elle n’a pas été adressée au Gicam.
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Il est pourtant évident qu’avec la nouvelle entité, Célestin Tawamba pourrait se représenter tandis que dans la posture actuelle, il n’a plus droit à un nouveau mandat. Est-ce que vous pouvez au moins situer les lecteurs sur le mécanisme d’élection ?
Les faits sont là. Il est bon de rappeler que le président du Gicam a été élu en 2017 pour un mandat de 5 ans et après son élection, il a révisé les statuts du Gicam pour ramener le mandat à 3 ans renouvelable une fois. Et contre toute attente, il s’est appliqué cette réduction qui du point de vue légaliste ne devait pas se faire par ce que c’est la rétroactivité. Il a ramené son premier mandat à trois ans. Et il a ensuite été réélu en 2020 pour un mandat de trois ans. Qu’est ce qui va se passer ? On a une centrale qui sera unifiée et qui sera enrichie des 400 membres d’Ecam qui viendront s’ajouter au millier des membres du Gicam et il est loisible de comprendre que le prochain bureau devra être élu par tous les membres de la nouvelle centrale et donc cette personne qui devra être lue, si les textes de la nouvelle structure sont à l’image de ce qui se fait actuellement c’est des scrutins de liste qui devront intégrer toutes les composantes de la structure patronale unifiée.
Source : Defis Actuels no 765 du 4 au 7 mai 2023