Le directeur général de la Cename a annoncé l’ouverture d’un appel d’offres international pour l’achat de médicaments essentiels, d’un montant de 1,3 milliard de FCFA. Ce processus vise à sélectionner des entreprises autorisées à fabriquer ou distribuer des produits pharmaceutiques en gros, conformément aux règlements en vigueur au Cameroun. L’objectif est de garantir l’approvisionnement en produits stratégiques tels que les antibiotiques, les antiparasitaires, les antipaludiques, les psychotropes et les vaccins.
L’appel d’offres se décline en plusieurs lots, le plus important s’élevant à 274,5 millions de FCFA, tandis que le plus modeste est fixé à 76,9 millions de FCFA. Le financement de cette opération est assuré par le budget de la Cename pour l’exercice 2025. Cependant, cette démarche s’inscrit dans un contexte plus large où l’industrie pharmaceutique nationale peine à s’imposer face à l’afflux des importations.
UNE INDUSTRIE LOCALE À LA PEINE
Entre 2010 et 2023, la facture des importations de médicaments au Cameroun est passée de 69,5 milliards à 166,6 milliards de FCFA, soit une augmentation de près de 140 %, selon le Comité de compétitivité du ministère de l’Économie. Le pays continue d’importer plus de 90 % de ses besoins pharmaceutiques, alors que la production locale ne capte que 8 milliards de FCFA sur un marché de 125 milliards. L’UE et l’Inde figurent parmi les principaux fournisseurs du Cameroun.
En 2023, l’UE a exporté vers le Cameroun 4,2 tonnes de médicaments pour 62,9 milliards de FCFA, la France étant le premier fournisseur avec 2,017 tonnes pour 28,5 milliards de FCFA. L’Inde, quant à elle, a contribué à hauteur de 39,5 milliards de FCFA, soit 7 % du volume total.
UNE PRODUCTION LOCALE SOUS-EXPLOITÉE
Malgré des unités de production existantes, les industriels locaux du médicament tournent à seulement 20 % de leurs capacités, selon l’Association des industries du médicament. En cause, des difficultés d’accès à la commande publique et des problèmes de financement. Africure Pharmaceuticals Cameroon, une unité basée à Douala, souligne que la Cename, qui importait pour 15 milliards de FCFA en 2011, n’a acheté que pour 3 milliards sur le marché local en 2020.
Face à cette situation, les industriels camerounais plaident pour une politique d’import-substitution plus volontariste. Ils proposent que la Cename leur réserve une part de ses commandes en fonction de leurs capacités de production. Un levier qui pourrait permettre de dynamiser un secteur sous tension et de réduire la dépendance du pays aux médicaments importés.