Kamto – Penda Ekoka : les raisons de la rupture

Le dernier épisode de la brouille entre les deux hommes est le direct du président du mouvement Agir sur les réseaux sociaux le 1er mai dernier. Mais le malaise existe depuis le mois d’août 2020.

L’alliance entre Maurice Kamto et Christian Penda Ekoka se conjugue désormais à l’imparfait. Lors de son passage devant les internautes samedi, le leader du mouvement AGIR a multiplié les allusions à la confiance. À l’écouter, c’est clair et net : son allié n’a pas joué franc jeu ces derniers mois. En toile de fond, les soupçons de malversations qui entourent l’opération Survie Cameroun/Survival Initiative (SCSI). Il reproche au Pr Kamto de l’avoir contourné en recrutant un consortium de cabinets d’audit pour corriger la copie d’un premier cabinet recruté pour comprendre les raisons pour lesquelles il a pu exister un décalage entre les chiffres affichés par le site web de SCSI et les sommes réelles reçues dans le compte bancaire de l’association MRC Europe.

Christian Penda Ekoka raconte que l’annonce de ce second round des audits a coïncidé avec la multiplication des attaques des militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) contre sa personne. Lors d’une rencontre avec le président du MRC le 22 janvier raconte-t-il, il a d’ailleurs interpellé le professeur sur l’attitude de ses partisans. « Tes militants commencent à me traiter de traître et tu ne dis rien », s’était-il ému. De son point de vue, cet incident est le point de départ du délitement du lien de confiance qu’il a pu avoir avec son allié : attaques en règles, suspension de ses proches comme administrateurs des comptes Facebook officiels, annonce de la clôture de l’activité de SCSI en février 2021 sans qu’il n’en soit informé et retrait de l’accès au sous-compte SCSI par Henry Djoko, le gestionnaire du compte MRC Europe sur lequel le compte SCSI était adossé.

Détournement ou bug ?

Lors de son interview du 20 avril, Maurice Kamto reconnaît que M. Penda Ekoka a pu « être gêné aux entournures » dès la fin du mois d’août 2020 ! En tant que président du comité de gestion, c’est lui qui avait fait l’annonce du succès de l’initiative lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il avait annoncé à l’opinion publique que l’initiative a franchi la barre du million d’euros. Il n’aurait pas digéré que quelques jours seulement après son triomphe, des informaticiens viennent lui expliquer qu’en réalité, il manquait plus de 300 000 euros dans les comptes de l’opération dans la vie réelle. Ce n’est pas seul problème, nuance-t-on dans le camp de Christian Penda Ekoka. Ici, personne n’a pas compris la raison pour laquelle il était si important de lancer un second audit alors que le « premier était transparent ». Les conclusions de la première enquête étaient qu’il y a pu y avoir un système multi-passerelle ou la création d’un compte bancaire en ligne parallèle en lieu et place du compte officiel. En de mots simples : il y a eu détournement. Pas assez clair, de l’avis du professeur pour établir de manière définitive l’origine de l’écart querellé. Le consortium des cabinets recruté par la suite considère pour sa part qu’un bug informatique est à l’origine du gonflement artificiel d’une partie des dons et qu’« aucune perte financière n’a été enregistrée ni par SCSI ni par ses donateurs ».

Clap de fin

De quoi faire sourire Christian Penda Ekoka. « Cette histoire de bug, est-ce que vous y croyez ? feint-il de s’interroger. Et les gestionnaires de cette plateforme est-ce qu’ils y croient ? Et surtout est-ce que monsieur Henry Djoko y croit ? » Un triple questionnement qui maintient le doute sur la probité des parties prenantes à l’opération. Pour ne rien arranger, le président du comité de gestion a boudé le second audit et refusé de répondre aux enquêteurs du consortium. De quoi faire exploser une coalition dont les signes de vitalité étaient jusqu’ici particulièrement mis en avant par les parties prenantes ? Il faut le croire. C’est Maurice Kamto qui lance les piques en premier lors de son interview où il avertit Penda Ekoka de sa puissance de frappe, même si « je ne suis pas quelqu’un qui est prêt à balancer ce qu’il peut avoir ». Réponse du concerné : « AGIR n’est pas une succursale d’un quelconque parti politique ». Et sur la perpétuation de l’alliance stratégique avec le MRC ? Là encore la réponse de Christian Penda Ekoka fuse : « S’il y a un autre parti politique demain –je ne connais pas son nom, nous nous retrouverons sur le champ politique ».
Par Jean Omb Njéé

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