« Pour les pénuries que nous observons ces derniers temps, il faut dire que la ressource n’est pas totalement à la hauteur des objectifs fixés, c’est pourquoi nous avons opté pour le partage des temps de consommations. Mais il revient à Camwater de mettre en œuvre tout ce qui est nécessaire pour que les temps de latence ne soient pas très étendus. Bien entendu, il y a des zones qui ont des difficultés, on va continuer de trouver les meilleures solutions pour résoudre ces problèmes. Une partie de ces solutions portent sur la communication. Il faut que les populations soient informées des difficultés que le réseau de distribution peut avoir ». Les explications sont de Blaise Moussa, Directeur général de Camwater (Cameroon Water Utilities Corporation), la société chargée du service public de l’eau potable et de l’assainissement au Cameroun. Des explications données au cours d’un échange avec la presse et la Ligue nationale des consommateurs, lors de la célébration de la Journée mondiale de l’eau le 22 mars à Yaoundé. La célébration avait pour thème : « Accélérer le changement pour un service public de l’eau potable innovant et durable. »
Cela a été l’occasion pour Blaise Moussa, de tenir un discours sur cette problématique, avant de répondre aux questions des journalistes. Il faut le dire sans ambages, l’accès à l’eau potable au Cameroun reste préoccupant. Le pays compte pas plus de 500 000 abonnés à la Camwater sur une population de près de 27 millions d’habitants. Le problème posé reste l’important déficit en eau courante. Ces dix dernières années, le gouvernement a pris des initiatives importantes, notamment en ce qui concerne la ville de Yaoundé.
Inadéquation entre l’offre et la demande
La capitale camerounaise compte actuellement près de trois millions d’habitants. Mais, cette population, sans cesse croissante, est confrontée au problème d’approvisionnement en eau potable, tant la capitale camerounaise concentre les problèmes liés à la distribution de l’eau potable en Afrique : abaissement périodique du niveau du fleuve, vétusté des équipements, instabilité du courant électrique et, de surcroît, configuration topographique peu favorable. En conséquence, alors que les besoins en eau de Yaoundé sont estimés à quelque 350 000 m3 par jour, les habitants doivent se répartir les 150 000 m3 que produit la station de traitement d’Akomnyada, et la station de traitement d’eau potable de la Mefou. Aussi, si Camwater est mis à l’index en raison de sa gestion pour le moins équivoque de la station de captage de Mbalmayo et des réseaux de transport et de distribution déclarés en grande partie vétustes, les pénuries d’eau inédites qui frappent la capitale mettent surtout en évidence une certaine inertie de l’État dans la conduite du Projet d’alimentation en eau de la ville de Yaoundé et ses environs, depuis 2017. D’une capacité de production de plus de 300 000 m3/jour, ce projet de grande envergure est principalement financé par la République populaire de Chine. À la fin du projet, Yaoundé et ses environs devraient recevoir de la Sanaga, un supplément de 300 000 m3 d’eau par jour, extensible à 400 000 m3/jour. Il faut également signaler que le fait que l’État du Cameroun ait refusé, en 2016, de renouveler le partenariat avec la CDE, filiale d’un consortium marocain formé par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), était venu ralentir la dynamique des projets qui étaient mis en œuvre pour desservir Yaoundé. Les autorités camerounaises avaient préconisé alors un retour de la distribution de l’eau potable, redevenue rentable, dans le giron de l’opérateur public Camwater, propriétaire du réseau.
Par Mballa Bélinga