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JERSIC 2025 : Le bal des innovations pour réduire les importations au Cameroun

La 9ᵉ édition des Journées d’Excellence de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (Jersic) s’est officiellement ouverte le 15 juillet à Yaoundé, sous le signe de l’innovation locale et de l’industrialisation endogène. Manioc, blé, technologies et agro-industrie : la recherche scientifique camerounaise se donne pour mission de transformer l’économie nationale, en phase avec la SND30.

Sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Yaoundé, le soleil s’est fait discret ce mardi 15 juillet, comme pour laisser toute la lumière à la science. Sous un ciel modérément voilé, les stands s’égrènent, soigneusement alignés. La 9e édition des Journées d’excellence de la recherche scientifique et de l’Innovation (Jersic) vient à peine d’être officiellement lancée que déjà, la ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Madeleine Tchuente, entame sa visite. Une immersion qui va bien au-delà du protocole.

Car ici, les résultats de la recherche ne se contentent plus d’être exposés, ils se touchent, se goûtent, se testent. Dans le carré réservé à l’Institut de Recherche agricole pour le développement (IRAD), situé à l’entrée principal de l’hôtel, manioc, patate douce, maïs, banane plantain sont autant de produits qui, grâce à la science, sortent du simple statut de denrées brutes pour devenir farines, amidons, gâteaux, voire pâtes alimentaires. « On fait la promotion des produits qui peuvent aller dans le sens de la politique de substitution du gouvernement », explique Alain Christian Misse, chef section de la culture annuelle et semi-annuelle à l’Irad.

 Pour ce dernier, il s’agit de mettre en œuvre la politique du gouvernement qui consiste à réduire la dépendance aux importations, notamment en panification. « Ce n’est que le pain qui est encore un peu dépendant du blé. Mais aujourd’hui, on peut y incorporer jusqu’à 25% de farines locales », précise-t-il avec assurance. Le manioc, l’un des produits stratégiques de la politique d’import-substitution, se décline en plusieurs variétés aux usages bien distincts. Le « 94 », à texture farineuse, est destiné à la consommation directe, tandis que le « 419 » convient mieux à la transformation industrielle. Sur le terrain, les visiteurs multiplient les échanges, interrogent les spécialistes et s’intéressent de près aux spécificités de chaque type. « Tout dépend de ce que vous voulez faire : transformer, consommer directement ou cibler un marché précis », explique Misse avec un ton pédagogique.

Non loin de là, un autre produit stratégique fait sensation : le blé camerounais. Le Dr. Pauline Mounjouenpou, directrice de recherche à l’Irad, attire l’attention sur le blé de variété B100, cultivé cette année à Garoua dans la région du Nord. Pain, semoule, pâtes, gâteaux… Tous ces produits, alignés sur les présentoirs, ont été élaborés à partir de ce céréale 100 % local. « Le blé peut être cultivé dans les dix régions du Cameroun. Il suffit de se rapprocher de nous pour qu’on oriente les producteurs vers les variétés adaptées à leur zone agro écologique », explique-t-elle. En plus des aliments, les tiges du blé ont été valorisées pour fabriquer des pailles biodégradables. Une innovation de plus.

Plus d’une centaine d’entreprises et d’institutions locales ont investi l’esplanade de l’Hôtel de Ville de Yaoundé à l’occasion des Jersic 2025, avec des stands et des démonstrations dans des secteurs aussi variés que les technologies, le BTP, l’aviculture et l’élevage. Cette effervescence autour des stands s’inscrit dans une dynamique de l’industrialisation endogène. Le thème de cette 9ᵉ édition en donne le ton « de la recherche scientifique à l’industrialisation endogène pour une transformation structurelle de l’économie du Cameroun ». Un thème qui, selon la ministre, traduit « un appel à l’action lancé à toute la communauté nationale ». Jusqu’au 18 juillet, universités, startups, centres technologiques et inventeurs indépendants se succéderont pour présenter des solutions concrètes, dans des domaines aussi variés que l’agro-industrie, la fabrication locale ou le financement de l’innovation. En toile de fond, les grandes lignes de la politique de substitution aux importations, impulsée par le gouvernement depuis 2021. Des sessions plénières, des ateliers thématiques dont un consacré à l’intelligence artificielle appliquée à l’industrie 4.0 – rythmeront l’événement.

Au-delà des frontières, le Cameroun poursuit une ambitieuse diplomatie scientifique. En témoignent les collaborations avec la France, la Chine, l’Allemagne, la Belgique ou encore le Maroc, qui permettent aux jeunes chercheurs camerounais de bénéficier de programmes de mobilité et d’accéder à des équipements de pointe. « Chaque chercheur formé à l’international qui revient élève le niveau de notre science locale », a souligné la ministre. Lancée en 2007, la plateforme des JERSIC se veut à la fois vitrine du savoir scientifique national et creuset d’un développement fondé sur les compétences locales. Elle s’inscrit dans les ambitions de la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30), qui place la recherche au cœur de la transformation économique du Cameroun.

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