Huile De palme durable : Des communautés demandent l’annulation de la certification.

Elles se plaignent du non-respect de certaines règles environnementales et sociales ainsi que des irrégularités dans le processus de délivrance de cette certification.

Les populations de Dibombari, Dizangue dans la région du Littoral et d’autres localités de la région du centre sont aux abois. Environnantes des plantations agro industrielles, elles se lèvent contre la certification RSPO. Il s’agit de la Table ronde sur l’huile de palme durable (RSPO- Round Table for Sustainable Palm Oil) ; un outil de promotion de la croissance et de l’utilisation de produits de palme durables grâce à des référentiels mondiaux et à l’engagement des parties prenantes. La grogne déjà existante, a pris de l’ampleur depuis l’attribution de cette certification en janvier dernier à une agro-industrie camerounaise.

Des riverains, réunis au sein de la synergie nationale des paysans du Cameroun (Synaparcam) militent pour le retrait de cette certification. Ils disent n’avoir pas bénéficié des actions de développement en termes de compensations, alors que les agroindustries présentes dans la zone occupent une partie de leurs terres. Privées des espaces arables et de leurs forêts, les conditions de vie des populations locales se sont dégradées. Ils déplorent notamment le manque de routes, d’eau potable tandis que les cours d’eau sont pollués par les pesticides. Le recrutement des fils et filles de la localité est aussi querellée et les conditions de travail dans les plantations, remises en question.

Dans le même sens, ces riverains dénoncent la non prise en compte de cette réalité de terrain dans les rapports ayant conduit à la certification. En gros, ils soulignent l’absence de transparence dans le processus, visible par le non respect de certaines exigences minimales. Notamment l’absence du consentement libre informé et préalable; des discussions réduites à petit nombre de représentants par village etc.

Il faut dire que la publication en juin 2022, de la lettre résultant des investigations menées par les consultants de la norme de certification RSPO avaient déjà créé un soulèvement. Plusieurs ONG et organisations de la société civile avaient contesté son contenu. Aujourd’hui, ces riverains demandent que les certifications soient annulées au Cameroun ainsi que dans les autres pays africains où l’entreprise concernée a aussi des activités. Ils exigent aussi que les rapports d’avancement trimestriels pour la ‘RSPO Compliance Sub Division, soient rendus public et mis à la disposition de la société civile. y compris l’ensemble des preuves envoyées aux organismes de certification. Ainsi, ces rapports pourraient être vérifiés de manière indépendante.

Honoré Ndoumbé Kotto, coordonnateur Synaparcam

« De nombreux conflits fonciers sont en cours »

« Certaines des conclusions de la RSPO contredisent les témoignages des communautés et de la société civile. Par exemple, elle conclut que la propriété foncière est suffisamment démontrée, alors que plusieurs communautés affirment par contre que leurs droits coutumiers sont violés. Et divers exemples ont été fournis par Synaparcam. De nombreux conflits fonciers sont en cours, aggravés par l’incapacité du gouvernement de rétrocéder 20 000 hectares de terres aux communautés et par l’incapacité de la société à faire preuve de transparence en délimitant clairement la plantation sur le papier et sur le terrain. Lorsque vous subissez une injustice, vous essayez d’employer des moyens de vous faire entendre. C’est pour cela que la société civile, dont l’un des outils est le plaidoyer se met en mouvement pour contester à travers des courriers, à travers divers moyens, cette situation qui est unique.  C’est essentiellement une démarche démonstrative afin que d’autres yeux et d’autres oreilles entendent cette injustice et prennent conscience de ce qu’elle peut avoir des conséquences sur les populations riveraines qui sont maltraitées sur leurs terres.  Il  y a eu une descente mindcaf sur le terrain. Mais au lieu d’échanger sur les terres déjà rétrocédées, on est venu remettre le compteur à zero pour dire combien d’hectares ils voulaient. Sans tenir compte de l’existant. »

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