Selon Fitch, la notation du Cameroun repose sur une croissance économique résiliente et un calendrier de dette gérable, ainsi que sur des projections selon lesquelles la dette modérée pourrait être soutenue par la mobilisation des recettes non pétrolières et le contrôle des dépenses. Toutefois, l’agence pointe des faiblesses structurelles, notamment un faible PIB par habitant, des indicateurs de gouvernance limités et une instabilité sécuritaire récurrente dans certaines régions du pays.
Fitch attire particulièrement l’attention sur les interventions directes de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), qui représentent 0,7 % du PIB en 2024 et devraient rester élevées en 2025. L’agence note que « le contrôle des engagements et de la trésorerie s’est légèrement amélioré en 2025, l’utilisation des “chapitres communs” (dépenses non allouées) passant de 18 % des dépenses totales à 10 % dans le budget 2025 et avec une réduction nette des arriérés au premier semestre 2025 ». Les autorités se sont engagées à mettre fin à ces pratiques à partir de 2026, mais Fitch juge que « la mise en œuvre sera difficile ».
Le risque politique demeure également un facteur clé de la notation. L’agence estime que la continuité politique et stratégique à court terme est probable suite à la réélection du président Paul Biya, âgé de 92 ans, avec 53,7 % des voix à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Fitch souligne cependant que « la transition ultérieure du pouvoir politique comporte des risques significatifs, étant donné l’absence de plan de succession ainsi que les divisions et rivalités politiques au sein du parti au pouvoir ; une instabilité accrue dans les régions anglophones et de nouvelles incursions d’insurgés islamistes dans l’Extrême-Nord sont possibles ».
La gestion des finances publiques (GFP) reste un point faible. Fitch note que le Cameroun a connu des retards dans le service de sa dette extérieure, y compris envers un créancier commercial en mars 2024, et que « les retards dans les remboursements de la dette non commerciale extérieure ont persisté en 2025, mais les remboursements commerciaux ont été honorés à temps ». L’agence indique également que les arriérés intérieurs, qui avaient fortement augmenté en 2024 pour atteindre 536 milliards de XAF (1,6 % du PIB), ont été réduits à 388 milliards de XAF en juin 2025, et devraient se stabiliser autour de 400 milliards de XAF (1,1 % du PIB) à la fin de l’année.
Fitch prévoit un déficit budgétaire modéré pour le Cameroun, autour de 1,7 % du PIB en 2025, avant de revenir à 1,4 % du PIB jusqu’en 2027, inférieur à la médiane de la catégorie « B » (3,3 % du PIB). Les besoins de financement du pays devraient être couverts par un fort soutien des créanciers officiels, étayé par un potentiel nouveau programme du FMI en 2026, ainsi que par une éventuelle émission d’Euro-obligation** pour compléter le financement.
En résumé, Fitch maintient la note du Cameroun à « B » en raison d’une croissance économique soutenue et d’un service de la dette gérable à court terme, mais alerte sur la gouvernance financière, l’accumulation des interventions directes de la SNH et les risques liés à une transition politique incertaine.







