Entre 2026 et 2028, le Cameroun prévoit de recourir massivement à des financements extérieurs pour ses projets d’investissement. Le rapport sur la projection de l’espace budgétaire en investissement, présenté le 4 septembre 2025 à Yaoundé dans le cadre des conférences élargies de programmation budgétaire et de la performance associée, révèle que le pays aura besoin de 3 648 milliards de FCFA pour cette période.
Une somme que le gouvernement ne peut pas, selon les projections actuelles, entièrement mobiliser, car le plafond légal d’endettement fixé à 2 813 milliards de FCFA crée un écart de 835 milliards. Selon le rapport susmentionné, pour la seule année 2026, le besoin estimé est de 1 266 milliards de FCFA, contre un plafond autorisé de 895 milliards, soit un déficit prévisionnel de 371 milliards. Le même document indique que 127 projets sont programmés pour 2026, dont 100 déjà en cours et 17 en phase de préparation. Deux projets majeurs — l’autoroute Yaoundé-Douala (phase 2) et l’extension urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen — concentrent à eux seuls des besoins estimés à près de 1 400 milliards de FCFA. Si tous les projets en cours et futurs sont pris en compte, les besoins globaux pourraient atteindre jusqu’à 8 500 milliards de FCFA.
Mais au-delà du manque de ressources, le pays est également confronté à de sérieuses difficultés dans l’exécution de ses projets. Le rapport pointe plusieurs défaillances structurelles. D’abord, la lenteur d’exécution. Plusieurs projets accusent des retards allant jusqu’à cinq ans. Trente-six sont considérés comme très préoccupants. Le taux d’avancement y est inférieur à 30 % par rapport au temps déjà consommé. Cette situation entraîne non seulement la sous-utilisation des financements extérieurs, mais aussi des pertes financières liées au paiement d’intérêts sur des fonds inutilisés. La gestion des fonds de contrepartie (FCP) pose aussi problème. Ces ressources locales sont pourtant indispensables pour débloquer les financements des bailleurs internationaux comme la Banque mondiale ou la Banque africaine de développement.
Sur les 302 milliards de FCFA requis en FCP pour l’ensemble des projets, seuls 132 milliards ont été effectivement inscrits au budget, souligne le document. « Ce décalage empêche le démarrage de nombreux chantiers, car sans la part nationale, les financements extérieurs ne sont pas libérés », rappelle le gouvernement. Le déficit de compétence au sein des administrations concernées accentue les difficultés. « Seuls 12 % des chefs de projets ont une bonne maîtrise des mécanismes de mobilisation des fonds de contrepartie. Ils ne sont que 16 % à bien connaître les procédures des bailleurs. Ces lacunes ralentissent considérablement les étapes de décaissement et d’exécution. Le rapport souligne que cela nuit à la performance globale des projets et, par extension, à l’impact socioéconomique attendu », peut-on lire dans le rapport évoqué supra.