Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a officiellement lancé, mardi 29 juillet 2025 à Yaoundé, l’Initiative de Financement de la Biodiversité (Biofin). Aux côtés du ministre de l’Environnement, Pierre Hele, et de la ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, il a donné le coup d’envoi d’un processus qui vise à structurer durablement le financement de la biodiversité au Cameroun.
Cette initiative, portée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et soutenue par le Fonds pour l’Environnement Mondial (GEF 8), marque une étape importante dans les efforts du pays pour inscrire la préservation de la nature au cœur de sa stratégie de développement. L’objectif principal de cet atelier de lancement est de doter le Cameroun d’un plan de financement ambitieux, réaliste et inclusif pour protéger la biodiversité.
Un tel plan nécessite l’identification précise des besoins, l’analyse des ressources déjà mobilisées, l’exploration de nouvelles sources de financement et l’élaboration d’une feuille de route concrète. Lors d’une rencontre réunissant représentants ministériels, bailleurs de fonds, collectivités territoriales, acteurs de la société civile et du secteur privé, les participants ont été introduits aux quatre composantes clés du projet Biofin : l’Analyse des Politiques et Institutions (API), l’Analyse des Dépenses pour la Biodiversité (ADB), l’Estimation des Besoins de Financement (EBF) et le Plan National de Financement de la Biodiversité (PNFB). Ces outils stratégiques visent à renforcer la planification et la coordination des actions en faveur de la biodiversité, en garantissant une mobilisation concertée de l’ensemble des parties prenantes.
UN ENGAGEMENT RENOUVELÉ EN FAVEUR DU CLIMAT
Dans son discours, Louis Paul Motaze a replacé cette initiative dans la continuité des engagements climatiques du Cameroun. Après la mise en œuvre de la finance climatique en 2022 et le lancement des obligations vertes en avril 2025, BIOFIN constitue selon lui « une nouvelle étape vers une transition verte structurée ». « Il ne suffit plus d’aligner les intentions, il faut désormais structurer les actions et mobiliser les financements à la hauteur des enjeux », a-t-il déclaré, tout en saluant la vision du président Paul Biya en matière de développement durable.
Le ministre des Finances a également mis en avant les avancées du pays dans ce domaine, notamment la réalisation du premier bilan carbone national, la mise en place d’un cadre ESG (environnemental, social et gouvernance) et l’adoption du budget climat dans la loi de finances 2025. Un déficit de financement préoccupant Prenant la parole à son tour, le ministre de l’Environnement, Pierre Hele, a alerté sur le déficit important de financement de la biodiversité, qui freine les efforts de conservation.
Selon certaines études, les financements disponibles devraient être multipliés par trois ou quatre pour répondre efficacement aux besoins. « Le coût de l’inaction est énorme. Il affecte directement des secteurs comme l’agriculture, la pêche ou encore le tourisme, qui dépendent fortement des ressources naturelles », a-t-il souligné. Pour y remédier, il a plaidé pour l’utilisation de mécanismes innovants tels que les paiements pour services environnementaux, les crédits biodiversité, les obligations vertes ou encore les partenariats public-privé.
UN PLAN NATIONAL ALIGNÉ SUR LES ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX
Dans le sillage du Cadre mondial pour la biodiversité adopté à Montréal en 2022, le Cameroun a actualisé sa stratégie nationale en définissant cinq priorités majeures : réduire les pressions exercées sur les écosystèmes, restaurer les zones dégradées, renforcer les connaissances scientifiques, améliorer la gouvernance environnementale et mobiliser les ressources nécessaires.
Cette feuille de route traduit l’engagement du pays à aligner ses actions sur les objectifs internationaux de préservation de la biodiversité, tout en répondant aux défis locaux liés à la dégradation des milieux naturels et au financement durable. Cette feuille de route, validée par le Comité national permanent de la biodiversité, devra désormais être soutenue par des financements adéquats. C’est là que BIOFIN entre pleinement en jeu, en contribuant à élaborer un plan de financement solide, capable de transformer les intentions en actions concrètes sur le terrain.
L’un des atouts majeurs de BIOFIN Cameroun réside dans sa démarche participative. L’initiative associe dès le départ les ministères, les entreprises, les collectivités locales, les chercheurs, les femmes, les jeunes, les peuples autochtones et les chefs traditionnels. En rejoignant d’autres pays africains déjà engagés dans cette démarche comme le Burkina Faso, le Rwanda, Madagascar ou l’Afrique du Sud, le Cameroun entend s’inspirer des meilleures pratiques pour construire un modèle national de financement vert, adapté à ses réalités. « Injecter des ressources dans la biodiversité peut générer un bon retour sur investissement », a estimé Louis Paul Motaze, appelant le secteur privé à s’impliquer activement, notamment à travers leurs politiques de responsabilité sociétale.