Etoundi Ngoa : « On a suffisamment évalué le risque »

Invité du 20H30 de la Crtv vendredi dernier, le ministre de l’Education de Base a donné des garanties sur les dispositions envisagées par l’Etat en vue de la reprise des classes le 1er juin prochain.

Le Cameroun a opté pour le téléenseignement comme solution durant la période d’arrêt des classes en raison de la pandémie de coronavirus. Quel bilan faites-vous de cette expérience ?

C’est un bilan fortement positif que nous pouvons décliner en trois temps. Dans un premier temps, tout le monde l’a accueilli comme une innovation. Les Camerounais, conscients de l’unité nationale de notre pays ont reproché au gouvernement que la télévision et la radio nationales ne couvraient pas tout le territoire. Nous leur avons répondu que parallèlement à ce qui était fait, les cours modèles étaient envoyés dans nos délégations régionales et départementales, et dans nos inspections d’arrondissement. Une fois à la disposition des directeurs d’écoles, ces cours pouvaient être retirés gracieusement par les parents de ces élèves situés dans les coins qui ne sont pas arrosés par les réseaux Crtv radio et télé. Il s’agissait d’un aspect complémentaire à ce qui était reproché. Dans un deuxième temps, le corps enseignant devait s’habituer à la démarche technologique qui est liée à cette nouvelle opération qu’on n’avait jamais pratiquée chez nous. On a commencé à s’y habituer à la deuxième phase, mais les critiques ont été faites chez les enseignants, et puis à la troisième phase, une harmonie s’est spontanément dégagée et tout le monde s’est accroché. Je voudrais remercier la Crtv et certains médias privés qui ont emboîté le pas, ainsi que les groupes pédagogiques qui étaient à pied d’œuvre pour mettre en place cette nouvelle méthode où ils étaient en même temps enseignants et apprenants. Dans un troisième temps, je voudrais dire que c’était la satisfaction générale autour de nous. Les élèves suivaient constamment la télévision et la radio. Et je suis heureux de dire que les Camerounais en redemandent pour leurs progénitures.

Il y a certainement des élèves qui ont perdu le contact avec l’école depuis la fermeture des classes le 17 mars dernier. Est-ce que la reprise des cours qui s’annonce tiendra compte de ces cas ?

Ce qu’on a fait en typographie à la radio, à la télévision, à travers les plateformes virtuelles a été fait pour que ces élèves n’oublient pas que l’année scolaire n’était pas achevée. Ils ont suivi progressivement le téléenseignement et à la fin ils l’ont intégré. Pour la rentrée qui s’annonce, le chef de l’Etat a donné une ligne de conduite au gouvernement. La rentrée prochaine, si elle se fait comme nous le souhaitons, aura pour but de faire tous les cours qui auraient dû l’être au troisième trimestre normal. Il s’agit donc pour ces élèves qui ont suivi les méthodes alternatives d’enseignement, de capitaliser ; parce qu’ils vont refaire ces cours. C’est donc une double répétition qui est bénéfique pour eux. Ils vont affronter les examens avec un plus qu’ils n’auraient pas eu en temps normal.

Quelles sont les dispositions qui sont prises pour éviter les cas de contamination au coronavirus dans les écoles ?

Nous avons un Comité scientifique qui s’occupe de la réponse au Covid-19 et qui nous dit ce que nous devons faire. Je pense que les mesures barrières qui ont été prescrites par le chef de l’Etat et qui ne cessent d’être répétées par le Premier ministre qui attire tout le temps l’attention des Camerounais sur le respect de ces mesures, sont déjà une garantie. Dans d’autres pays, nous voyons que la reprise des cours est soit effective, soit envisagée. Je voudrais dire que parallèlement à ce que le gouvernement prescrit, nous avons à travers ce même gouvernement souscrit des accords de coopération avec beaucoup d’’institutions internationales (Unicef, Unesco, Isesco…), nous faisons en même temps des concertations en visioconférence avec les autres gouvernements. Ce sont pratiquement les mêmes mesures qui sont prises partout.

On parle d’enfants de 10, 11, 12 ans monsieur le ministre. Comment éviter qu’ils se touchent dans les cours de récréation ? Est-ce que la règle de distanciation sociale peut être respectée ?

C’est le rôle des instituteurs qui seront à l’intérieur des écoles. Ils veilleront à ce que ces distances soient respectées. D’ailleurs, pendant que le chef de l’Etat, conscient du fait que les enfants de bas-âge seront enclins à ne pas respecter les mesures de distanciation, a demandé que ce soit uniquement les classes d’examen dans le primaire et le secondaire. Je pense qu’on a pris suffisamment de hauteur pour évaluer le risque et voir dans quelle mesure on peut le minimiser. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons que rien ne vienne entraver d’ici à là cette rentrée qui a été projetée par le président de la République et que tout soit mis en œuvre. Nous n’avons pas le choix ; on nous a ordonné de le faire. Nous devons tout faire pour que ça marche.

Quid des dispositions envisagées en ce qui concerne les cantines ?

Nous n’allons pas laisser nos enfants mourir de faim. Mais des mesures drastiques ont été prescrites aux tenanciers des cantines scolaires, pour que tout cela soit respecté. Il y aura des gens pour y veiller scrupuleusement.

Entre temps, les examens démarrent en juillet. Il ne reste pas beaucoup de temps aux élèves…

Les élèves auront un mois pour se rattraper, pour se remettre dans le bain s’ils ont été discrets pendant les cours à la télévision et à la radio. Mais s’ils ont bien suivi ces enseignements, ils partent grands gagnants parce qu’ils vont juste les répéter.

Peut-on considérer monsieur le ministre, que les élèves en classes intermédiaires sont d’ores et déjà admis en classes supérieures ?

Pas forcément. Le chef de l’Etat a demandé qu’on évalue ce qu’ils ont fait lors des deux trimestres précédents. Je voudrais relever un détail important, parce qu’on pense toujours aux écoles de l’arrière-pays. Ce sont des écoles qui sont très peu peuplées et qui ont l’avantage d’avoir les maîtres sur place dans les villages. Nous leur avons demandé d’encadrer les élèves de ces villages en famille, lorsqu’ils ont des difficultés. Des échos qui nous viennent des régions, je pense que cela à plutôt bien fonctionné. Ces élèves vont être évalués à partir de ce qu’ils ont fait lors des deux premiers trimestres et ils pourront être admis en classes supérieures s’ils présentent une moyenne acceptable. Ceux qui n’ont pas la moyenne vont reprendre la classe.

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